La comédie Le vrai du faux prend l'affiche sur 67 écrans à travers le Québec dès demain. Inspiré d'une pièce de théâtre de Pierre-Michel Tremblay, le long métrage raconte l'histoire d'un réalisateur reconnu pour sa série de films Furie qui connaît un grand succès en salles. Quand un fan de la franchise meurt en tentant d'exécuter l'une des cascades de Furie, le cinéaste décide de prendre une pause. Il est par contre rapidement intéressé par un jeune soldat de retour de l'Afghanistan et désire faire un long métrage de fiction sur lui. il le suit alors jusque dans son village natal pour en apprendre davantage.
Émile Gaudreault, qui nous a précédemment donné les comédies estivales De père en flic et Le sens de l'humour, réalise le long métrage, qui met en vedette Stéphane Rousseau dans le rôle du cinéaste et Mathieu Quesnel dans celui du jeune soldat, récemment revenu de l'Afghanistan.
« Ce que j'aimais de la pièce originale c'est qu'elle traitait d'un sujet qui peut avoir l'air sérieux mais avec de la fantaisie. Il y avait là de l'humour, de l'absurdité, des beaux personnages, et un récit intéressant, dont je voyais le potentiel cinématographique », précise d'abord le réalisateur.
« J'ai travaillé avec Pierre-Michel, l'auteur de la pièce, pour adapter cette histoire au cinéma. Nous avons travaillé de version à version, très progressivement. On a pris l'ADN de la pièce on l'a mis dans une éprouvette et on fait naître un nouvel animal complètement, qui est adapté à un nouvel environnement qui est le cinéma. On a fait énormément de changements. On a inventé plein de personnages. On a imaginé un récit qui n'existait pas. Dans la pièce, le personnage ne partait pas dans sa ville natale, il n'avait pas d'ex-petite amie, ni de famille. Il n'y avait aussi que trois scènes et demie avec le réalisateur et trois avec sa psychologue. Dans la pièce, il y avait un professeur de clarinette, mais on a compris que ça ne marchait pas dans le film. »
C'est un défi intéressant de faire un film qui contient autant de drame que de comédie. « Ce qui important dans ces cas-là c'est de trouver des acteurs qui ont le don de la comédie. C'est très rare, mais y'en a. J'ai choisi que des acteurs qui ont ça. On travaille le texte, l'émotion, mais comme il y a dans le scénario des moments d'absurdité, ils arrivent à faire rire en restant dans l'émotion de leur personnage parce qu'ils ont cet instinct-là de la comédie. Ils savent comment dire les répliques pour ce que soit drôle, même dans le drame. Les acteurs doivent toujours être réel, ne pas cabotiner. »
La qualité du montage est aussi un élément essentiel pour une bonne comédie. « Le montage est effectivement capital en comédie, c'est une question de micro-seconde. J'ai fait cinq mois de montage à temps plein, et mon monteur avait fait deux mois avant, donc sept mois de montage, ce qui est très rare pour un film au Québec. Mais, le film avait ces besoins-là pour trouver le bon rythme. On a fait trois projections publiques pendant le montage. La première était trop dramatique, la deuxième, trop comique. De voir un film devant le public, ça nous donne vraiment le pouls pour trouver l'équilibre parfait. »
Comment avez-vous choisi l'acteur qui interprèterait Éric, le soldat en choc post-traumatique? « Une trentaine de jeunes hommes sont passés en audition. J'en ai vu cinq ensuite en atelier. Mathieu est ressorti du lot parce qu'il est à la fois crédible dans le rôle du gars tough, mais en même temps c'est un tough qui est drôle et qui a accès à toutes ses émotions. Il est facile de croire que ce gars-là porte une souffrance. »
Mathieu Quesnel a incarné Éric au théâtre dans la pièce originale. Il précise : « Dans la pièce, je n'avais pas de copine à reconquérir, ni de parents, j'étais un peu plus crackhead si on peut dire. J'étais vraiment plus sur le bord de la folie que dans le film. »
« Je ne pensais vraiment pas que j'allais avoir le rôle. Quand j'ai su que j'avais une audition pour le jouer, je ne croyais pas en mes chances. J'étais certain qu'on m'invitait par politesse parce que je l'avais joué 65 fois. Mais finalement, j'ai été pris à la deuxième audition. Là, je commençais à y croire un peu, mais je ne me faisais pas trop d'idée, parce que quand tu n'as jamais fait de télé ou de cinéma, c'est assez rare que tu hérites d'un aussi gros rôle. Quand j'ai finalement su que j'avais été choisi, je flottais sur un méchant gros nuage. Je l'aimais tellement mon rôle, ça vraiment été un plaisir pour moi de jouer dans cette pièce-là, c'est certain que je le souhaitais... Ça vraiment été un beau cadeau. »
Stéphane Rousseau, pour sa part, a été choisi d'emblée. « C'est quand je l'ai vu remettre un prix aux Olivier que j'ai trouvé qu'il était très bon en lui-même. Je voulais qu'il y est une opposition entre le soldat plus brut et un personnage plus sophistiqué, presque délicat et je trouvais que Stéphane avait cette énergie-là », explique le réalisateur.
« Je ne me suis pas inspiré d'un réalisateur en particulier, mais beaucoup plus de personnes que je connais, qui sont un peu égocentriques, un peu pris dans leur travail, un peu trop sur le nombril, des gens qui ne prennent pas le temps de s'arrêter, qui spin, qui ne font pas le bilan, jamais », explique quant à lui Stéphane Rousseau.
Se retrouver dans une comédie d'Émile Gaudreault, qui a connu deux succès importants dans les années antérieures, entraîne-t-il une pression de succès? « Je crois que la pression est toujours là aujourd'hui, que ce soit un film, un spectacle, une émission de télé. Il faut performer et il faut performer rapidement et avoir des résultats concluants. Au cinéma, quand tu sors un film comme celui-là, l'été, tu deviens LA comédie de l'été dans la bouche des gens, et tu souhaites ne pas les décevoir. Mais pour nous aujourd'hui le travail est fait. Il nous reste plus qu'à espérer. »
Gaudreault est d'accord avec son comédien. « J'ai porté ce film très longtemps. Mes succès précédents me donnent confiance, mais à moment donné, il faut lâcher prise. On a présenté le film 6-7 fois et ça semble fonctionner. Les autres (ndlr : producteurs, distributeurs) doivent faire leur travail pour entraîner le public dans les salles. »
Le vrai du faux prend l'affiche dans les salles dès demain.