Dans le cadre de la sortie du suspense Angle mort, le réalisateur Dominic James et les acteurs Karine Vanasse et Sébastien Huberdeau ont rencontré les médias afin de parler de l'expérience de tournage du film, qui s'est déroulé presque entièrement à Cuba, où il a fallu créer un rare film de suspense québécois.
« En tant que réalisateur, ce que j'aime beaucoup c'est les projets qui me permettent de créer un univers qui se maintient pendant tout le film. La clé pour moi, c'était de le supporter avec des acteurs très forts, qu'on ne s'attend pas à voir dans un suspense comme ça. »
Même si les acteurs sont bons, il faut que la chimie opère, surtout dans le cas d'un couple. « T'es jamais sûr de ça, c'est une magie qui se crée intuitivement. Il y a une énergie qui est dégagée d'une personne, et c'est ça que je recherchais. Au-delà du fait qu'ils se connaissaient déjà à cause de Polytechnique, ce sont deux personnalités très différentes. Les personnages représentent bien cette génération où on se perd dans l'individualisme. »
« Quand on m'a offert le scénario, dès le départ, je le voyais comme un suspense à l'ancienne, à la Duel, avec un petit côté Hitchcock. Je trouve que c'est le fun comme genre, parce que ça s'adresse à un public plus large. »
Rejoindre le public semble être très important pour vous. « C'était vraiment le centre de mon intérêt pour le film. Au Québec, avec le financement qu'on a, il faut avoir une responsabilité par rapport au projet qui t'es donné de faire un film que les gens vont aller voir au cinéma. Malheureusement, les films de genre s'adressent à un public plus restreint, mais Angle mort a des éléments de vieux suspense plus trippants pour un public plus large. »
Il fallait cependant s'assurer d'avoir un classement « 13 ans et + » de la Régie pour que le film soit plus accessible. « Oui, absolument. C'est sûr qu'on voulait le classement 13 ans et +. On sait que c'est un genre que les jeunes aiment bien, et donc on gardait en tête dans ce qu'on montrait. Aussi, dans ces vieux suspenses-là, on ne montrait pas de gore, d'horreur, c'est plutôt dans la tension, dans l'environnement où tu vis le suspense à travers les personnages. »
« En tant que spectateur dans ce genre de film-là, tu veux être capable de t'identifier aux personnages pour mieux vivre le suspense avec eux. Pour le scénario, aussi rocambolesque soit-il, si tu es attaché à eux, ça marche beaucoup plus. » Karine et Sébastien sont donc des choix logiques, même s'ils viennent de milieux différents. « Karine emmène beaucoup parce qu'elle est très aimée du public, très aimée des femmes et les gens ont confiance en ses choix, ils savent que si elle fait un film c'est parce que ça va être intéressant. Sébastien vient plutôt du théâtre, mais il emmène son public aussi. »
Pour la principale intéressée, le film s'adresse autant aux filles qu'aux garçons. « Je trouve que mon personnage de fille est quand même assez intéressant pour les filles. Elle ne fait pas juste crier et lever les pattes en l'air, ce n'est pas la pitoune typique qu'on veut juste voir avoir peur, suer et se faire protéger par le gars. Je suis assez contente, c'est une fille qui prend les choses en mains, en même temps elle ne pense pas qu'elle peut tout faire toute seule. Je pense que ça peut intéresser les filles. On aime ça avoir peur nous autres aussi! »
C'est un type de film qui est assez rare dans le paysage québécois... le mécanisme est-il semblable aux autres projets? « C'est un autre type de jeu. Même quand tu as ton style de jeu à toi, développé au fil des films que tu fais, dès que tu changes de genre de film tu te surprends toi-même à avoir d'autres réflexes qui embarquent. Tu développes un autre style de jeu. » Les réactions doivent être plus spontanées, plus intuitives. « Surtout dans ce genre de film là où tu peux te permettre d'improviser un peu. Dans le feu de l'action, oui il y a des réactions qui doivent être plus spontanées, qui ne sont pas écrites noires sur blanc, que c'est toi qui dois réagir. »
« Dominic c'est un acteur au départ, et dans sa manière de nous diriger ça paraissait. Au début, j'avais peut-être peur d'en mettre trop, que ce soit un peu too much, mais Dominic ressentait bien nos inquiétudes et pouvait bien nous rassurer. Il nous a encouragés à lui faire confiance dans le genre de film qu'il voulait faire, et à nous faire confiance aussi. »
Sébastien Huberdeau partage l'avis de sa co-vedette. « On voyait ça comme un jeu très réaliste d'action-réaction. On court, il nous arrive ça, pas le temps de réfléchir, on essaie de sauver notre peau. Ce n'est pas un film qui prétend être autre chose qu'un bon divertissement, un build up émotionnel pis that's it. »
Il faut rapidement installer la complicité dans le couple. « En effet. Comme le film, dans son genre est court, il fallait que ça passe dans des petits choix, des détails, des phrases... Au début du film, il fallait que ça soit clair que le couple vit certaines difficultés et qu'ils partent un peu pour se retrouver. On ne voulait pas souligner ça au marqueur jaune, alors il fallait que ça passe dans la banalité du quotidien. »
Le genre s'adresse-t-il davantage aux garçons qu'aux filles? « À prime abord, je comprends qu'on puisse penser ça, mais moi, j'ai tellement de chums de filles qui aiment ça, des choses que même moi je trouve parfois trop masculines, alors que je suis un gars. Il y a plein de filles qui trippent, surtout dans notre génération. »
Angle mort prend l'affiche dès demain à travers le Québec.