Le plus récent long métrage de Denys Arcand, intitulé Le règne de la beauté, prend l'affiche ce jeudi dans une quarantaine de salles à travers le Québec. Produit par Denise Robert et Daniel Louis de Cinémaginaire, le film met en vedette Éric Bruneau, qui incarne un architecte de Charlevoix qui rencontre une femme à Toronto qui deviendra sa maîtresse. Mélanie Thierry, Marie-Josée Croze, Michel Forget et Melanie Merkosky complètent la distribution.
En conférence de presse la semaine dernière, le réalisateur et scénariste avait précisé qu'il avait choisi le monde de l'architecture en cherchant un emploi près de celui de réalisateur. « En architecture comme au cinéma, on travaille en équipe, pour des clients, on est dépendant de la météo, il y a un aspect artistique mais aussi pratique. » Au cours du processus, il a trouvé que le titre original du projet, Deux nuits, était réducteur. « Une fois le film assemblé, on s'est rendu compte de la présence de la nature, du changement des saisons par rapport à l'architecture. »
« On est toujours surpris par les films qu'on fait, aux acteurs et actrices qui se révèlent à l'écran. » Il a d'ailleurs donné à Éric Bruneau une directive très courte : « Il faut que tu joues le moment de la vie où tu as peur de toi-même. »
Rencontré à la suite de cette conférence, Denys Arcand a précisé sa vision des personnages. « Dans le cas de ce film-là, on sait où il s'en va, c'est un architecte qui va avoir beaucoup beaucoup de succès. Il va réussir dans la vie. On ne sait pas s'il va réussir sa vie privée, ça, c'est une autre affaire. »
On a l'impression que vous mettez toujours en scène ce qui vous passionne; ici l'architecture, les soupers entre amis, le hockey, le golf, le ski, les femmes... « Oui, toujours. L'amitié, ces choses-là. » Comment traduisez-vous ces passions en langage cinématographique? « La traduction en langage cinématographique, pour moi, c'est la dernière étape. Ce qui vient avant, c'est la conception. Qui sont ces gens-là? Qu'est-ce qu'ils font? Comment ils occupent leur temps? C'est une définition des personnages, de plus en plus précise, et éventuellement on se dit : « Bon, je veux que mon personnage soit sportif. » Qu'est-ce qu'on fait à la campagne, à cet endroit-là? On est à côté du Massif, alors il va aller en ski, il y a des arénas partout donc il joue au hockey, il va aller à la pêche, à la chasse au canard, et après de trouver la meilleure façon de filmer ça, pour éviter les clichés, pour essayer d'avoir un regard original. »
Vous donnez aussi l'impression qu'une fois sur le plateau, tout reste à faire. « C'est ça qui est passionnant au cinéma. Un cinéma qui est entièrement storyboardé, dessiné et approuvé par les producteurs plan par plan, pour moi ça serait d'un ennui mortel. Je l'ai déjà fait quand je tournais de la pub quand j'étais jeune. Dans un film comme celui-ci et dans mes autres films, ce qui est l'fun c'est d'arriver sur le plateau où on peut filmer n'importe quoi. C'est comme improviser en jazz. »
Vos films découlent-ils d'un état social actuel? « Je ne le sais pas... C'est en rapport avec ma vie à moi, j'ai l'impression. On m'a souvent attribué des qualités que je ne savais pas que j'avais, d'observateur social, comme si je parlais de la génération post-référendum... Ce n'était pas ça que je partais pour faire du tout, je partais pour faire des gens qui parlaient de leur vie sexuelle. Dans ce cas-ci, c'était un architecte qui habite la campagne. Après ça, c'est possible d'y voir un portrait de la société actuelle, de qui nous sommes, etc., mais ce n'est pas mon souci. Mon souci c'est de faire un film qui ne soit pas ennuyeux et qui soit beau à regarder. »
Distribué par Les Films Séville, Le règne de la beauté prend l'affiche ce jeudi 15 mai.