L'équipe du film Cosmopolis était réunie à Toronto ce lundi pour la première canadienne du film, après une présentation en compétition officielle au Festival de Cannes le mois dernier. Le réalisateur David Cronenberg et les acteurs Robert Pattinson, Sarah Gadon, Paul Giamatti et Kevin Durand étaient présents pour l'occasion. Cinoche.com a assisté à cette conférence de presse.
Le réalisateur canadien a adapté le scénario du film d'après un roman de l'auteur américain Don DeLillo. « Les dialogues sont la colonne vertébrale du livre et du film. Ils sont réalistes et stylisés, je les conçois comme « pinteresques »; c'est un style qu'on reconnaît immédiatement, le rythme, le ton et la ponctuation sont importants... J'ai passé trois jours à transcrire les dialogues à partir du livre et trois jours à écrire le contexte, les actions, pour faire un scénario. Parce que l'écriture scénaristique est complètement différente de l'écriture romanesque. »
« C'est pour cette raison que certains aspects du livre ne sont pas dans le film : parce qu'ils ne pouvaient être transposés en langage cinématographique. Il faut accepter que certaines choses ne peuvent pas être faites au cinéma, que d'autres peuvent êtes facilement faites dans la littérature, et vice versa. J'ai retiré du film une orgie dans les rues de New York, par exemple, ou le journal du personnage de Benno Levin. J'ai retiré le journal, mais je vous donne Paul Giamatti, sa voix, son visage, ses yeux, ses mouvements, etc. C'est la manière cinématographique d'adapter le journal de Benno Levin au cinéma. »
Vous avez tourné le film presque entièrement à Toronto, qui représente en fait New York. « Dans le livre, toute l'action se passe sur la 47e rue, d'est en ouest. C'est une rue assez anonyme, qui ressemble à toutes les autres rue de New York. Il n'y a pas de monuments célèbres de New York dans le film parce qu'il n'y en a pas dans le livre non plus. Le roman a été écrit il y a une douzaine d'années, la plupart des lieux décrits dans le livre ne sont plus là de toute façon. Même si on avait tourné sur la 47e rue à New York, ce ne serait quand même pas comme dans le roman. »
Vous avez demandé aux acteurs de respecter fidèlement les dialogues écrits. « En effet. Si on reprend une chanson de Bob Dylan, on ne change pas les paroles. On peut changer le rythme, l'orchestration, oui, mais pas les paroles. En général, je ne veux pas que les acteurs soient aussi scénaristes, ils ne sont pas faits pour ça. Cela n'empêche pas que les acteurs peuvent apporte beaucoup au rôle : la chorégraphie, le ton, la tonalité, le rythme, les pauses, beaucoup de choses... »
Pour Robert Pattinson, qui incarne le personnage principal d'Eric Packer, c'est à la fois une source de stress et un soulagement. « À partir du moment où on sait qu'on ne change pas le script, c'est toi, c'est l'acteur, le problème. Pour éviter la crise de panique, il faut se dire que quelqu'un regarde à travers la caméra et il faut avoir confiance en son opinion. Sinon, il faudrait s'imaginer en dehors de soi-même, ce qui est impossible. »
Comment David Cronenberg vous a-t-il dirigé? « David m'a simplement dit d'arrêter de m'en faire. On interprète souvent le travail de l'acteur de manière psychanalytique, mais en réalité c'est un travail dans le moment présent. Je ne suis pas un spécialiste du postmodernisme et je ne peux pas arriver, en deux semaines, avec une interprétation nouvelle de l'oeuvre de Don Delillo. C'est ridicule! Je dois être dans le moment présent, avec mon visage, mes mouvements. »
Le réalisateur abonde dans le même sens : « On ne peut pas demander à un acteur de jouer un symbole, c'est seulement après que l'on conçoit la signification des choses. »
Quels aspects de votre vie ressemblent à ceux de la vie du personnage? « Bien... sa relation avec son garde du corps est quelque chose que je peux comprendre. C'est une relation unique d'avoir un garde du corps. Sinon, même l'isolation est complètement différente, parce qu'il a choisi de mener cette vie. » À nouveau, le réalisateur intervient : « Il ne faut pas oublier qu'Eric Packer n'est pas une célébrité, il a des gardes du corps seulement pour le protéger de quelqu'un qui veut le tuer ou le kidnapper, mais pas de ses fans. Il n'a pas d'admirateurs. Il veut que sa limousine ressemble à toutes les autres limousines pour passer inaperçue. Il n'y a pas de photos de lui, personne ne le connaît, c'est très différent de la vie de Robert. »
Comment croyez-vous que vos admirateurs, qui vous ont connu dans la série Twilight, vont réagir en voyant ce film? « Je ne sais pas... Je crois qu'ils vont aimer. On espère toujours que quelque chose que vous faites dans chaque rôle plait aux gens, pas seulement qu'ils vous aiment de façon abstraite. J'ai aimé les scénarios de Twilight autant que j'ai aimé celui-ci, alors j'espère qu'ils vont aimer. »
Cosmopolis prend l'affiche à Montréal, à Québec et un peu partout au Canada dès vendredi. Le film est distribué par Les Films Séville.