Le premier long métrage de Chloé Robichaud, titré Sarah préfère la course, prend l'affiche dans les cinémas ce vendredi. Le long métrage raconte l'histoire d'une jeune femme originaire de Québec qui déménage à Montréal pour faire partie de l'équipe de course à pied de l'Université McGill. Elle s'installe dans un petit appartement avec son ami Antoine. Conscients du coût de la vie et du peu de temps qu'ils ont pour travailler, les deux amis décident de se marier pour profiter de meilleurs prêts et bourses. Mais les choses ne fonctionnent pas tout à fait comme prévu...
D'abord, pourquoi la course? Pourquoi exploiter ce sujet dans votre premier film? « Je trouvais, de un, que c'était un monde différent, j'avais envie d'explorer l'univers du sport, et aussi parce que pour moi la course est un peu comme une métaphore de la personnalité de mon personnage. Sarah court pour fuir ses émotions, pour fuir la réalité, mais en même temps elle court vers un objectif. La course est également très intéressante visuellement, c'est donc fascinant à tourner. J'ai aussi fait de la course lorsque j'étais plus jeune, mais pas de façon professionnelle. J'aurais bien aimé faire partie d'une équipe, mais ça n'a jamais adonné. La course est tout de même restée en moi d'une certaine façon et je l'ai exprimé dans ce premier film. »
« J'ai écrit le film en quatre ans alors que j'étais encore à l'université. J'étais très imbibée de mon milieu d'étudiant universitaire à l'époque et j'avais très envie de parler du passage vers l'âge adulte. J'avais aussi envie d'avoir un personnage plus introverti, le genre de personnage qu'on a peu l'occasion de voir au cinéma. »
Sophie Desmarais, une amie de la réalisatrice, a obtenu le rôle sans audition. « Au cours des deux premières années, je n'avais personne en tête, mais lorsque j'ai vu Sophie dans Décharge, j'ai vraiment trouvé qu'elle avait quelque chose d'unique à l'écran. Sophie parle beaucoup avec le regard et avec le corps, c'est une actrice très intelligente et je ne voyais pas une autre actrice qu'elle pour incarner ma Sarah. »
« Jean-Sébastien, non plus, n'a pas passé d'audition. Il est venu très vite dans le processus parce que je le connaissais déjà, on avait fait des courts métrages ensemble. Geneviève, par contre, ça été par audition, j'ai eu un coup de coeur pour elle. Hélène Florent; c'était pour mon rêve de tourner avec elle, je trouve que c'est une actrice exceptionnelle. Micheline Lanctôt était, quant à elle, mon enseignante à l'université. Je connaissais aussi déjà Ève Duranceau avec qui j'avais travaillé auparavant. C'était vraiment ma p'tite gang autrement dit... »
Le premier film de Chloé Robichaud a été projeté en grande première mondiale à Cannes il y a quelques semaines dans la section Un certain regard. La jeune cinéaste est très satisfaite de son expérience et, même si elle n'a pas remporté de prix, en ressort grandie. « C'est assez impressionnant comme évènement et ça venait avec beaucoup beaucoup d'attention médiatique, mais je suis très contente de l'accueil du public. Il y a eu une super belle réaction à la première, on a eu de beaux échos, des critiques dont je suis très fière. Je repars de là comblée; objectif rempli. »
L'actrice Sophie Desmarais se dit elle aussi pleinement satisfaite de son expérience sur la Croisette. « C'est fou! C'est complètement démesuré comme atmosphère et tout ce qui s'en dégage. C'était incroyable d'être là-bas, c'était un peu comme un marathon en douze jours. On a travaillé vraiment très fort pour promouvoir le film, c'était beaucoup d'énergie, mais ça en a valu la peine. Nous avons fait de belles rencontres, nous avons vécu des moments surréalistes aussi. Lorsque tu as Nicole Kidman d'un côté, Spielberg de l'autre, Audrey Tautou en face, c'est vraiment particulier comme moment, mais en même temps, ce n'est pas vraiment intimidant parce que comme tu es invité tu as une raison d'être là toi aussi. »
Un personnage complexe comme celui de Sarah représente un défi de taille pour une actrice. « Ce qui était difficile, et je m'en suis rendue compte après, c'est que Chloé nous a beaucoup filmés de dos et c'est toujours plus ardu quand les scènes ne sont pas découpées de devant de rendre le texte et de faire ressentir les émotions. Mais c'est quelque chose que je crois que nous avons réussi à faire avec elle. »
« Le vrai défi c'était de rendre le personnage impénétrable pour les personnages qui entourent Sarah, mais la rendre très compréhensible pour le public qui lui est le seul à comprendre ce qu'elle ressent à tel moment, qu'est-ce qu'elle devrait dire mais qu'elle ne dit pas. Je pense que le public est complice avec elle, plus que les autres personnages. »
Même s'il s'agit d'un premier long métrage, Desmarais n'a que des bons mots en ce qui concerne le travail de la réalisatrice. « C'est une fille très exigeante, très intransigeante, qui sait exactement ce qu'elle veut. Moi j'adore les gens comme ça, j'ai une confiance aveugle envers Chloé, j'ai vraiment découvert une grande partenaire de travail, quelqu'un avec qui j'ai juste le goût de retravailler et à qui j'accorde toute ma confiance. C'est une fille qui fouille les scènes. Elle n'a pas non plus l'égo du réalisateur qui peut manquer d'écoute, au contraire c'est quelqu'un qui se nourrit du travail des acteurs, de leurs impressions. Je l'ai trouvé aussi assez chevronnée et impressionnante, surtout pour une première expérience de long métrage. »
Sarah préfère la course sort à travers le Québec ce vendredi 7 juin.