Le réalisateur québécois Charles-Olivier Michaud présente son plus récent long métrage, Exil, ce vendredi dans les salles.
Le film raconte l'histoire de Samuel, un jeune haïtien qui est forcé de quitter son pays. Il se réfugie en Floride puis quitte vers Montréal en passant par New York afin de retrouver sa mère. Le jeune acteur Francis Cleophat incarne le personnage principal tandis que Julie LeBreton, Paul Doucet, Ralph Prosper et Maxime Dumontier complètent la distribution.
Charles-Olivier Michaud a présenté en 2011 les films Snow and Ashes et Sur le rythme, tandis que son quatrième long métrage, 4 Minute Mile, doit prendra l'affice à travers l'Amérique le 1er août prochain.
« Exil c'est vraiment une continuité naturelle à Snow and Ashes. On met vraiment les personnages hors de leur zone de confort, c'est un voyage, c'est très peu bavard, on est dans un film qui est beaucoup dans l'image, la direction-photo est très poussée. »
On peut certainement voir un lien entre le photographe de guerre de l'un et le jeune héros de l'autre. « Ce sont deux personnages qui sont dans des lieux où ils ne connaissent rien, ils ne connaissent pas les normes. Samuel rencontre des marginaux, un camionneur, une travailleuse de rue, un sans-abri, des gangs de rue. »
« J'ai été attiré par ce projet-là parce qu'il y a quelque chose qui me ressemblait là-dedans. J'ai envie de faire des films dans lesquels on voyage. Mon prochain film, Sodom, est un thriller qui se déroule en Thaïlande, à Bangkok, c'est un thriller pur et dur, on ne sera pas dans le lyrisme et la poésie d'Exil et de Snow and Ashes. J'aime voyager en faisant le film, ça me dépayse, j'ai envie de parler de ça dans mon cinéma. »
Quelle partie du travail est faite en préparation, et quelle partie se laisse inspirer par le contexte? « Avec mon directeur-photo Jean-François Lord, on est très préparé, on sait où on s'en va, on sait la vision. On regarde des photos, on écoute de la musique, on regarde des films... On s'inspire avant, mais pour ma part, je suis très influencé par les lieux, je laisse place à beaucoup d'improvisation, d'imprévus magiques. »
Avec les acteurs aussi? « Oui, avec les acteurs aussi. Au Québec, peut-être parce qu'il y en a beaucoup qui viennent du théâtre, les acteurs sont très spontanés, ils ont une belle naïveté intelligente. »
« Pour Exil, parce qu'on tournait avec un enfant, il y a plein de scènes dans le film qui sont des moments où j'avais crié « coupez! »; c'était conscient, la pression tombait, on continuait à tourner, on captait les moments sur le vif quand lui pensait que la caméra ne tournait pas. Ça créait un petit peu plus de naturel. »
Le jeune acteur en question est Francis Cleophat, qui avait 12 ans lors du tournage. « On l'a trouvé en casting sauvage, dans une école secondaire de Sainte-Thérèse. Il était en secondaire I. Quand on a fait le film, il était tout petit, tout menu, tout frêle, c'était un petit garçon mais il avait une vieille âme. C'est un gars qui avait une grande maturité. C'est ça qui m'a convaincu de le prendre lui. »
Ça serait étonnant de trouver quelqu'un qui a vécu exactement la même chose que le personnage principal. Pourtant, chaque étape peut ressembler à la vie de quelqu'un. « Exactement. Ce n'est pas basé sur une histoire vraie, ce n'est pas l'histoire d'une personne qui a rencontré tous ces gens-là, mais il y a des immigrants, des jeunes et des moins jeunes, qui sont partis d'Algérie pour aller en France, qui sont partis d'Haïti pour venir aux États-Unis ou au Canada, ou du Mexique ou du Honduras, ces gens-là ont un parcours similaire, ils ont peut-être une parcelle de ce parcours qui s'apparente à celui de Samuel. »
« Exil, dans le paysage cinématographique québécois, c'est un peu un OVNI, parce que c'est un voyage, ça ouvre les yeux. Ça va peut-être, comme moi, emmener les gens à regarder les autres différemment. Je me souviens d'une scène : on tournait sur la rue Sainte-Catherine, en hiver, on installait la caméra et Francis avait son gros manteau d'hiver trop grand pour lui, il avait du sang sur la manche, il avait le capuchon, il errait tout seul dans la neige, en avant de l'église, et tout le monde l'ignorait. Un peu plus on lui rentrait dedans. Il était tout seul, et personne ne se demandait ce qu'un gamin de 12 ans, avec un manteau plein de sang, tout sale, des souliers inadéquats pour l'hiver, faisait là. »
« À ce moment-là j'ai réalisé que c'est vrai qu'on ne regarde pas les autres. Maintenant, quand je rencontre quelqu'un, j'essaie toujours de me demander quel était son parcours pour être là aujourd'hui. »
Exil prend l'affiche dès demain à Montréal et Québec.