Présenté la semaine dernière dans le cadre de Cinémania, le long métrage Une vie meilleure, une coproduction franco-canadienne, prend l'affiche chez nous ce vendredi 18 novembre. Réalisé et coscénarisé par Cédric Kahn, le film met en vedette Guillaume Canet et Leïla Behkti. Une vie meilleure prendra l'affiche en France le 4 janvier 2012.
Le film, qui raconte le combat d'un jeune couple pour financer son rêve d'ouvrir un restaurant en banlieue de Paris, est particulièrement d'actualité alors que la crise financière fait toujours rage en Amérique et en Europe. Ce n'est bien sûr pas une coïncidence pour le réalisateur et scénariste Cédric Kahn. « J'ai beaucoup lu sur la crise de subprimes aux États-Unis, j'ai rencontré beaucoup d'intervenants de ce genre d'histoire, j'ai aussi lu un roman sur un couple qui se déchire à cause des dettes... J'ai mixé ça et à partir de là j'ai construit ma propre histoire. »
Dans le film, l'héroïne décide de partir pour Montréal afin de faire un meilleur salaire. « La première partie de l'histoire c'est cette catastrophe financière, et les circonstances amènent l'héroïne à chercher du travail au Canada. C'est un redépart, le Canada fonctionne comme une nouvelle possibilité, comme une deuxième chance. En changeant de pays, ils peuvent recommencer à zéro. On imagine qu’eux ont changé, qu'ils ont grandi, appris, que les choses vont mieux aller. »
Était-il important pour vous de terminer le film sur une note d'espoir? « C'est essentiel. Les personnages sont pris par une réalité qui est plus forte qu'eux, par une sorte de fatalité. Pour moi, il n'était pas question qu'ils se résignent. Ça correspond à ma philosophie, à ma façon de voir la vie, il y a toujours un mince passage pour s'en sortir. Pour pouvoir se sortir de ses problèmes et entrevoir une solution, il faut changer sa façon de penser. »
Vos acteurs ont-ils une qualité commune? « Ils ont tous les trois une connexion particulière avec leur personnage, de façon inconsciente. Quand je choisis un acteur, je me pose bien sûr la question de son talent, ça me paraît le minimum, mais je me demande aussi, dans ce que je perçois de sa personnalité, quelles sont les correspondances avec le personnage. Je crois que ce qui les rend forts et émouvants dans cette histoire, c'est qu'ils ont trouvé ce lien. »
Une grande partie de leur travail est de se laisser habiter par les situations, le contexte. « Je les laisse agir. Ça ne se passe pas par les mots, au contraire. Je leur laisse suffisamment de lattitude. Le contexte influence beaucoup, l'acteur se nourrit du lieu dans lequel on est, des acteurs avec qui on le fait jouer... Je prends beaucoup de soins à créer une vérité autour du personnage. Je crois beaucoup en l'instinct de l'acteur. »
Le cinéma a cette caractéristique de pouvoir raconter plusieurs choses sur plusieurs niveaux à la fois. « Je pense que beaucoup de choses se racontent avant le récit. Il y a beaucoup de niveaux de récits au cinéma : les décors, les costumes, la musique, le montage, les acteurs. C'est très riche, et cette richesse permet d'aller vite. Mais il faut que ce soit juste pour que le récit fonctionne. »
Comme il s'agit d'une coproduction franco-canadienne, il a fallu tourner plusieurs scènes au Québec. « Les méthodes de travail sont très différentes, il a fallu que je m'adapte et que l'équipe canadienne aussi s'adapte à moi. C'est enrichissant de sortir de son petit cercle. »
« Chez nous, on a un rapport à la règle qui est un peu poétique; on fait toujours à côté de la règle. Par exemple, si on a prévu de tourner sur tel trottoir, je peux aller tourner sur le trottoir d'à côté, on peut filmer les gens dans la rue à leur insu, ça ne choque personne. Ici, c'est plus anglo-saxon, le rapport à la règle est beaucoup plus fort. »
« Le metteur en scène décide de la règle. C'est la règle qui va fabriquer le cinéma, si on se permet d'improviser, etc. Par exemple, si le temps n'est pas à notre goût, on va tourner autre chose et on revient plus tard. Ici, on tourne avec un grand respect de l'horaire, du programme, c'est moins souple. »
Est-ce que ces méthodes de travail sont inhibitrices? « Surtout quand on n'a pas l'habitude! Moi j'ai l'habitude de faire ce que je veux, de changer, d'improviser. Mon cinéma est adapté à ça, il y a beaucoup de libertés dans ma façon de filmer, dans la caméra, les acteurs, j'ai besoin de cette liberté pour inventer. Mais j'ai réussi à tourner à ma façon, mais c'était moins accepté. »
Une vie meilleure prend l'affiche ce vendredi.