Une jeune fille, le nouveau film de la réalisatrice et scénariste Catherine Martin (Trois temps après la mort d'Anna, Dans les villes), prend l'affiche ce vendredi au Québec. Le long métrage met en vedette Ariane Legault dans le rôle de Chantal et Sébastien Ricard dans celui de Serge, un fermier de la Gaspésie. Ces deux êtres solitaires se rencontrent par hasard lorsque Chantal fait une fugue suite à la mort de sa mère.
Le contact avec la nature prend une grande place au sein du film. « Chantal a une vie assez dure, elle part d'une petite ville, qu'on imagine près de Montréal, elle n'a pas eu d'enfance... On part du principe que cette jeune fille est dans un monde clos, très seule, et le film lui donne la possibilité de s'éveiller au monde, et au fond la nature, c'est un peu une forme d'éveil, d'appel. La nature c'est beaucoup de choses : c'est le vent, c'est, évidemment, la forêt, la rivière, mais c'est aussi la découverte de la beauté. »
C'est la mort aussi, la chasse. « C'est la vie, c'est la mort. C'est de découvrir les forces de la nature. Les cycles, aussi. »
Le récit ne souhaite pas créer de suspense; il n'y a pas d'enquête policière parallèle pour la retrouver « Bien, peut-être qu'il y en a une... mais ils ne la trouvent pas. Je ne voulais pas la montrer, ce n'est pas ça le sujet du film. Je voulais que ça reste elliptique, mais suffisamment clair pour que le spectateur ressente ce monde étouffant, assez dur où vit Chantal. La nature s'offre en contraste. »
Il y a beaucoup à gagner à observer la nature? « Absolument. Ce n'est pas juste ce qu'on y met, c'est aussi ce qu'elle nous apporte. Il faut se donner la possibilité de la contempler. D'être dans un paysage. J'essaie toujours d'offrir au spectateur la possibilité d'entrer dans une image. Je lui donne le temps. C'est pour ça que parfois mes plans ont une certaine durée, et que je choisis parfois un seul plan au lieu d'en avoir trois, qui selon moi va offrir au spectateur cette possibilité-là, d'entrer. »
Comment travaillent vos acteurs? « Ariane, c'est une jeune fille qui travaille beaucoup le corps, donc elle était très à l'aise. Elle avait beaucoup de facilité à retrouver ses marques. Mes plans sont très précis, il fallait vraiment suivre des marques et elle le faisait de façon totalement naturelle, sans aucune difficulté. Sébastien, comme c'est un homme qui fait beaucoup de théâtre, où il a moins de contraires, je l'ai un petit peu contraint. Il est plus fougueux. »
« Je trouve que les contraintes donnent de la liberté aux acteurs. Il faut trouver sa liberté là-dedans, il faut se concentrer sur ce qui se passe à l'intérieur de toi, ce qui passe par le corps pour l'extérioriser. Sébastien le fait très bien. »
Ils se rencontrent dans un lieu clos, enclavé, loin du monde extérieur. « C'est deux solitaires qui se rencontrent, qui ne savent pas exactement... Tranquillement, ils s'apprivoisent l'un et l'autre, et le film leur offre la possibilité d'entrer en contact avec une autre personne. C'est une rencontre de bienveillance, de fraternité, presque de l'ordre du sacré. Ils ont une rencontre presque spirituelle. »
De la même façon qu'avec l'enquête policière, le film refuse de créer un suspense avec l'idée qu'il pourrait lui faire du mal. « Absolument. Ça fait partie de mes croyances, ça, qu'un homme d'âge mûr et qu'une adolescente peuvent très bien être ensemble, sans qu'il n'y ait de désir, sans que ce soit trivial. J'ai délibérément choisi ça, c'était évident avec les acteurs qu'on n'allait pas jouer cette séduction, ce n'était pas du tout ça l'enjeu de leur relation. »
Une jeune fille est distribué par K-Films Amérique et prend l'affiche à Montréal, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières, Alma, Dolbeau et Drummondville.