Dans le cadre de la tournée de promotion du film Ça sent la coupe, nous avons eu la chance de nous entretenir avec le réalisateur du film Patrice Sauvé, le scénariste et auteur de l'oeuvre originale Matthieu Simard ainsi que l'acteur principal Louis-José Houde. Tous s'entendent pour dire que le plus grand défi de cette comédie dramatique a été de trouver le bon ton pour raconter cette histoire.
Rappelons que Ça sent la coupe brosse le portrait de Max, un trentenaire qui a abandonné sa carrière d'ingénieur pour reprendre le magasin de cartes de hockey de son père quand celui-ci est décédé dans un accident de la route. Sept ans plus tard, alors que sa copine vient tout juste de le laisser, Max se retrouve à un carrefour de sa vie et doit décider quel chemin il empruntera pour l'avenir.
« Trouver le bon ton a été un travail de tous les instants, jusqu'au montage du mix sonore », explique le réalisateur. « On savait que le plus gros écueil était nous-même. Est-ce qu'on a fait trop de scènes drôles qui nous font perdre l'aspect sensible de la chose? Ou, a-t-on trop de scènes tristes? Là on se retrouverait dans une complaisance du pathos du personnage. »
« Déjà, au tournage, je faisais une prise plus drôle, une prise plus neutre. Lors de certaines scènes, je disais à Louis-José qu'il pouvait en beurrer épais, notamment lors de la scène du bouquet de fleurs avec la sœur. Il y avait, comme ça, des endroits où on savait qu'on pouvait être plus drôle. »
« Le but c'était de partir de Louis-José Houde et qu'en 5 ou 10 minutes on oublie l'humoriste et qu'on ne voit que le personnage. Louis-José est un bon observateur, il a ça de commun avec Max, il regarde la vie passer. On a utilisé cet élément-là de Louis-José en retenant la bride pour tout ce qui était des punchs. »
« La plupart de mes premières prises étaient un peu top intenses, alors Patrice descendait ça de quelques coches », précise le comédien. « J'ai accepté de faire le film parce que je jugeais que je serais capable de livrer cette partition-là. S'il y avait eu trop de crises, trop de rage ou trop de chagrin, j'aurais probablement sauté mon tour, mais là je trouvais que j'étais en mesure de livrer la marchandise. »
« Pour chaque scène, il y a une prise où c'est moi qui suis un peu trop dedans. Rendu à la cinquième prise, j'étais pas pire. Si on avait fait le montage du film avec les premières prises, le film aurait été une grosse comédie. »
« Le jeu au cinéma est très différent de la scène », ajoute l'humoriste. « Je suis habitué de jouer pour le deuxième balcon dans une grande salle, je dois en faire beaucoup pour inclure tout le monde. Au cinéma, c'est tout à fait le contraire. Mais je pense que je suis un meilleur humoriste depuis que je fais du cinéma. Ça aide à te connaître un peu, à connaître ton instrument de travail, ton timbre de voix, et savoir ce qui est efficace. »
Pour l'auteur Matthieu Simard aussi il y a eu une adaptation pour passer de l'écriture du roman au scénario. « Le scénario est une forme d'écriture complètement différente du roman. Avec le scénario, tu n'écris pas pour que ça plaise au lecteur, tu écris pour que ce soit utile au lecteur, qui lui va pouvoir rendre ça agréable pour le spectateur, c'est une approche complètement différente. J'ai l'avantage d'avoir une certaine facilité avec les dialogues, même dans mes romans. Par contre, c'est un peu trompeur parce que, dès les premières versions du scénario, ça faisait des lectures l'fun, mais le film n'était pas bien construit. C'était difficile de le voir parce que justement, c'était l'fun à lire. Vu que je suis un romancier, j'étais capable de rendre ça agréable, mais ce n'était pas ça l'idée. »
« Le roman est beaucoup plus drôle que le film », précise-t-il. « C'est plus facile de faire des gags dans le roman que dans ce film-là. Je voulais que le film fasse sourire. Si tu fais trop rire, le drame ne fonctionne plus. »
Simard mentionne aussi que plusieurs scènes ont été coupées, certaines n'ont pas survécu au scénario final alors que d'autres se sont rendues jusqu'au tournage, mais n'ont pas résisté au montage. « C'est un paquet de deuils à faire, mais je comprends pourquoi elles ont été coupées. Il faut que chaque scène soit utile. » Une scène de lit a d'ailleurs été retirée du montage final. Voyez les détails de celle-ci ici.
Ça sent la coupe prend l'affiche dans 37 salles à travers le Québec ce vendredi 24 février.