Le long métrage Quai d'Orsay, de Bertrand Tavernier, prend l'affiche au Québec ce vendredi, quelques mois après sa sortie en France où il a récolté plus de 700 000 entrées. Mettant en vedette Thierry Lhermite dans le rôle d'un ministre des Affaires étrangères français, fortement inspiré de Dominique de Villepin, le long métrage se déroule dans le milieu des relations internationales et est inspiré d'une bande-dessinée de Christophe Blain et d'Abel Lanzac parue pour la première fois en 2010.
Le film suit un jeune homme nommé Arthur qui est nouvellement engagé au cabinet pour écrire les discours du ministre, et qui doit apprendre à composer avec les différents responsables et avec le ministre lui-même, un homme... unique. « Le ministre, avec toute son extravagance, avec toute sa folie qui font que ce doit être épuisant voire impossible de travailler avec lui, à la fin du film, fait l'un des plus beaux discours de la politique française », nous dit d'abord Bertrand Tavernier, rencontré à Paris en janvier.
« Je l'aime bien, je le trouve sympa finalement. Moi je préfère être gouverné par un mec comme ça, que par certaines des personnes qu'on a qui changent d'avis au moindre sondage d'opinion. Du début à la fin, il ne change pas de vision politique. »
Le film s'inspire donc du véritable règne de Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères entre 2002 et 2004, puis ministre de l'Intérieur, sous Jacques Chirac. C'est Thierry Lhermite qui l'incarne. « Dans ses derniers films, il était très très sobre, je devais savoir s'il voulait revenir. Dès la première rencontre, j'ai trouvé un type tellement formidable, je me suis demandé pourquoi j'avais attendu dix jours avant de le voir alors que c'est lui qui devait le jouer et personne d'autre. On s'est éclaté. Le fait que je ne fasse pas beaucoup de prises... Je sais ce que je veux, en fait, je pense que je n'ai rien comme matériel pour des scènes coupées. Tout a été tourné et monté comme ça. Ça, les acteurs, surtout quand ils ont des tunnels de textes, ils apprécient énormément. Ils gardent une fraîcheur, une envie d'épater. »
Il y a beaucoup de scènes de discussions avec beaucoup de personnages. Dirigez-vous le groupe ou les individus? « Les deux. Il faut d'abord qu'il y ait un truc de groupe, mais après je vais affûter chez chacun. Il faut essayer de trouver des accidents, des trucs qui vont se passer qui vont être inattendus. »
Le film s'inspire donc d'une bande-dessinée... « Ce qui m'intéressait c'était de trouver des équivalents à l'énergie des dessins de Blain, pas de faire la même chose. Ce qui est frappant dans la bande-dessinée, c'est l'énergie du personnage. J'ai essayé de le traduire par le fait qu'il est précédé d'une sorte de tornade qui fait que tout s'envole quand il rentre. Il a des déplacements dont aucun n'est réaliste, on fait des ellipses, comme s'il se téléporte. Ça m'intéressait d'inventer des trucs de mise en scène qui arrivent à capturer l'énergie de la bande-dessinée. »
Le film autant que la BD étaient inspirés de faits réels... « On fait un film parce qu'on est passionné par quelque chose, parce qu'on est intéressé, et il se trouve que parfois, la réalité est un meilleur scénariste que la fiction. »
« Aujourd'hui, on vit dans un monde où, à cause de la télé, on juge la politique au comportement des gens, à la manière dont ils sont habillés, mais pas du tout à ce qu'il font. Le personnage, Alexandre Taillard de Worms, c'est-à dire Dominique de Villepin, je pense que ça lui plaisait de paraître dément et déjanté. Il y voyait une marque de fabrique. »
Quai d'Orsay est distribué par Axia Films.