La petite reine, un drame sportif réalisé par Alexis Durand-Brault (Ma fille, mon ange) d'après un scénario de Sophie Lorain et de Catherine Léger, prend l'affiche à travers le Québec ce vendredi. Anciennement titré Le temps des roses, le film s'inspire de la vie de la cycliste québécoise Geneviève Jeanson, impliquée dans un scandale de dopage au début des années 2000.
Laurence Leboeuf incarne le personnage principal, une cycliste nommée Julie Arseneau. Patrice Robitaille joue son entraîneur, JP, et Denis Bouchard et Josée Deschênes ses parents, qui ferment les yeux sur son dopage présumé.
Dans le contexte québécois, on cherche des histoires pour rejoindre « le monde », mais qui gardent leur intérêt pour les auteurs. « Quand j'ai démarré le projet, je voulais faire un film populaire, situé entre le commercial et l'auteur. C'est une zone grise, c'est difficile à avoir. Je me suis dit que j'allais pouvoir rejoindre un public large, avec du contenu. C'est exactement ce que j'essayais de faire », nous dit d'abord le réalisateur.
Comment faire pour garder une touche personnelle, éviter les recettes? « Au scénario, ne jamais tomber dans la facilité, toujours respecter émotivement - pas factuellement, émotivement - les personnages, et avoir un bon producteur. J'ai eu de super moyens, je n'ai pas à me plaindre. »
« Le scénario était écrit du point de vue du personnage principal, j'ai essayé de toujours mettre la caméra autour de Laurence, c'est pour ça qu'on a des longs plans autour d'elle, on reste avec Laurence, ce qui me permettait, je l'espère, d'avoir une signature sans être hermétique. Je ne veux pas la recette, je veux donner de l'âme à ce projet-là. »
« Ne jamais perdre de vue ce qui t'a touché au début. Je me suis intéressé à ce sujet-là pour être dans la tête du personnage, pour essayer de comprendre comment elle fait pour endurer tout ça, pour être une aussi bonne menteuse, pour être capable de se planter devant deux cents journalistes et de mentir comme ça, pour endurer de se faire battre, de se faire agresser, de garder le sourire quand même. Me souvenant toujours de ça, ça permet de donner un point de vue au film. »
« Par exemple pour les scènes d'abus : jusqu'où on va? Je veux rester sur Laurence, je ne veux pas trop voir, je veux juste comprendre, je reste sur son visage pendant qu'elle se fait agresser. En même temps, ça te sert, parce que tu as les mêmes surprises qu'elle. »
Le montage semble être un outil essentiel dans le cas d'un film où les enjeux sont plus ponctuels, mais plus nombreux. « Je suis un hypermauvais téléspectateur. Je m'ennuie vraiment vite, c'est épouvantable. C'est un défaut que j'ai, j'essaie d'en faire une arme; je ne voulais pas que le spectateur ait l'impression de piétiner dans l'histoire. Le monteur a été très rigoureux, quand on tombe dans l'introspection on peut y aller, mais quand on en sort il faut que ça avance. J'ai essayé d'être efficace sans être quétaine. C'est tough. »
« C'est le jeu qui dicte tout. À une époque, quand j'étais plus jeune, je voulais que la caméra soit efficace, je pensais tout le temps à ces affaires-là, ça punch, tu veux montrer au monde que tu es capable de faire des dollys. Maintenant, tout ce qui m'intéresse c'est les acteurs, comment faire passer l'émotion. »
« Je le répétais à Laurence : « Quand tu es sincère tu deviens une enfant, quand tu mens tu es une adulte ». La véracité se trouve dans l'enfance et le mensonge dans l'âge adulte. »
Patrice Robitaille est un acteur reconnu pour son naturel. « Patrice est un très très bon partenaire. Il est plus vieux que Laurence, il va la supporter, l'aider. Il était capable de la faire rire. Sa plus grande qualité : il n'a pas peur d'être laid. Il s'en crisse. C'est extraordinaire comme il est game. »
Laurence Leboeuf, elle, s'est entraînée au vélo. « Un an. Avec un entraîneur qui a entraîné plusieurs athlètes de calibre mondial, et aussi un entraînement psychologique pour endurer la souffrance psychologique. »
Distribué par Les Films Séville, La petite reine prend l'affiche ce vendredi.