Descendez-les

Christopher Andrews, avec ce premier opus, nous livre une oeuvre à la fois belle et sombre, où le paysage irlandais se fait le miroir d'une destinée tourmentée, et où la violence n'est pas tant un spectacle qu'une tragédie humaine. On peut saluer ici un cinéma qui, par son honnêteté et son exigence, interroge avec finesse les failles de l'âme humaine, tout en refusant les artifices d'une vengeance clinquante au profit d'un pathos singulier et inoubliable.

Bref, dans Bring Them Down, fond et forme se font parfaitement écho. Le résultat est insidieusement anxiogène, parfois inconfortable. Et il convient d'insister sur Christopher Abbott et Barry Keoghan, dont les compositions contrastées sont en tout point remarquables.

Malgré le basculement à mi-parcours du point de vue (façon RASHOMON), qui expose les antagonistes (et leur histoire) sous un autre éclairage, le drame reste dur, glauque, austère, avant de céder en bout de course à l'appel inespéré de la compassion.

Porté par de formidables performances de Christopher Abbott (Wolf Man, Poor Things) et de Barry Keoghan (The Banshees of Inisherin, The Killing of a Sacred Deer), Bring Them Down dévoile habilement le point de vue de chacun de leurs personnages. La conclusion n’apporte pas la satisfaction hollywoodienne habituelle, mais il ne s’agit pas de ce type d’œuvre. Comme ses personnages, nous sommes davantage dans les non-dits et les impressions. Il y a plusieurs bonnes idées, mais, encore ici, on préfère suggérer des pistes de réflexion que les exploiter au service du récit.