Il y a des films comme Zombieland que l'on ne devrait jamais toucher. Sinon ça donne Double Tap, une pâle copie de l'original.
En 2009 prenait l'affiche Zombieland, un savoureux long métrage de morts-vivants dans la lignée de Shaun of the Dead. Avec sa violence jouissive, son humour ravageur et ses clins d'oeil irrésistibles, l'oeuvre est évidemment devenue culte.
Une suite devait rapidement apparaître sur le radar. Puis elle a été repoussée à l'année suivante, et l'autre d'ensuite, jusqu'au moment où le projet a été mort et enterré, avant de renaître et de ressortir comme par magie des boules à mites. Il a vraiment fallu une décennie et trois scénaristes pour pondre un second épisode aussi banal et inutile?
En apparence, rien n'a vraiment changé. Les zombies continuent à manger des êtres humains pour le petit déjeuner. Cela n'empêche pas Columbus (Jesse Eisenberg), Tallahassee (Woody Harrelson), Wichita (Emma Stone) et Little Rock (Abigail Breslin) de vivre heureux, à la Maison-Blanche de surcroît. Mais lorsque la famille de substitution est brisée, ses membres feront tout pour la reconstruire.
Double Tap aurait pu rassembler toutes les scènes coupées du volet initial. Il n'y a pratiquement pas d'histoire, qu'une série de sketches de qualité très inégale. Quelques-uns font sourire, la plupart laissent indifférents. Combien de règles de conduite verrons-nous apparaître à l'écran ou de moments ressassant les plus barbares décès de zombies? Les situations se suivent et se ressemblent, reprenant l'essence de son modèle en nivelant la satire par le bas. L'apparition de nouveaux méchants (le mort-vivant stupide comme Homer Simpson, celui résistant qui se prend pour le Terminator, etc.) s'avère une fausse bonne idée jamais développée et on y fait même une apologie des armes à feu, ère Trump oblige.
Cette léthargie n'affecte pas trop le moral de ses troupes. Jesse Eisenberg renoue avec aisance avec ce type de personnage hyperactif, voix off omniprésente en prime. Il forme toujours un duo attendrissant avec Woody Harrelson, plus redneck que jamais. Emma Stone a connu la gloire entre les deux tomes et elle se demande ce qu'elle fait là, alors qu'Abigail Breslin ne sert absolument à rien. Le quatuor est entouré de Zoey Deutch qui interprète certainement la blonde la plus stupide de l'humanité (eh oui, ce type de blague se fait toujours en 2019) et du désopilant tandem campé par Luke Wilson et Thomas Middleditch.
Ruben Fleischer est de retour derrière la caméra, conscient qu'il n'a jamais rien réalisé de mieux que le premier Zombieland. Entre le passable (Gangster Squad) et le médiocre (Venom, 30 Minutes or Less), ce n'est pas cette tentative qui permettra de redorer sa carrière. Sa mise en scène rythmée a tôt fait de verser dans l'exercice de style tapageur et maniéré.
Alors que les productions rassembleuses se prennent de plus en plus au sérieux (Joker n'est pas exactement une comédie), Douible Tap ose le divertissement puéril et inoffensif, agréable à ses heures - surtout lorsque vient le temps de rendre hommage à Donkey Kong et au légendaire groupe musical Portishead - quoique ultimement tiède et lassant. C'était avant la tombée du générique et l'apparition d'une séquence brillante qui vaut presque à elle seule le coût du billet. De quoi vouloir revoir tout de suite après The Dead Don't Die, le fameux opus mésestimé de zombies de Jim Jarmusch qui était, avec le recul, vraiment pas mal.