Attendre un nouveau film de Kevin Smith, c'est toujours excitant, mais jamais autant que cette fois-ci. Le titre était parfait et sans équivoque : Zack et Miri font un porno. On salivait déjà devant les nombreuses possibilités comiques de cette simple mise en situation, d'autant qu'avec Kevin Smith à la barre, le projet était entre bonnes mains. Comme on pouvait s'y attendre, Smith est particulièrement en verve et ses dialogues sont vifs, vulgaires et inventifs. Pourtant, le film n'est pas le succès attendu, ni le feu roulant de blagues qu'on espérait, d'abord parce qu'on sent à chaque instant le rapiéçage, l'inaccomplissement et l'ombre des censeurs s'élever sur ce qui aurait pu être une comédie vraiment accomplie.
Zack et Miri, deux amis d'enfance, vivent ensemble dans un appartement miteux de Monroeville, en banlieue de Pittsburgh. Incapables de payer leurs factures, ils ont un jour l'idée de tourner un film porno qui les mettrait en vedette. Une idée qui, au fur et à mesure qu'elle se concrétise, mettra leur amitié en péril, eux qui s'étaient pourtant promis que le sexe n'y changerait rien.
Zack et Miri font un porno a ses grands moments : la recherche d'un titre de film porno est hilarante et la scène de sexe entre Zack et Miri, grâce aux deux comédiens principaux, est aussi un excellent moment pour se réconcilier avec l'humour de Kevin Smith, qui y va parfois de ses plus belles trouvailles depuis des années. Les apparitions de Justin Long et de Brandon Routh, dans le rôle d'un couple gai, sont aussi très réussies, voire même le meilleur moment du film. Pourtant, Kevin Smith est toujours prude et ne montre rien de choquant, ou presque. On a sans cesse l'impression que les scènes n'atteignent pas leur plein potentiel, qu'il en manque ou qu'elles ont été charcutées pour que le film puisse être diffusé à grande échelle aux Etats-Unis. La finale, tout particulièrement, semble précipitée comme on l'a rarement vu, même pour un film XXX.
Surtout que le propos de Smith, romantique refoulé, n'est pas très original ni surprenant. La comparaison est facile avec les films d'Apatow, et Smith perd au change pour deux raisons. D'abord, il sacrifie parfois la psychologie de ses personnages pour un punch ou deux, vite faits et vite oubliés. Puis, et plus important encore, il n'a pas cette sensibilité intrinsèque qui fait des comédies d'Apatow des comédies vulgaires, irrévérencieuses mais touchantes, empreintes d'une sensibilité masculine qui manquait cruellement au cinéma. Dire des gros mots c'est une chose, et c'est souvent très amusant de voir jusqu'où on pourra aller, mais ce n'est pas tout. Il faut trouver le bon ton pour qu'un homme amoureux (ce qui existe dans la vraie vie) n'ait pas l'air d'un extra-terrestre dans son univers.
Seth Rogen et Elizabeth Banks développent une magnifique complicité et rendent entièrement justice à ces personnages de ratés sympathiques qui ont un sens de la répartie à faire jalouser les politiciens. Ce n'est pas un renouveau pour Rogen, qui a l'habitude, tandis que Banks l'ingénue mène avec efficacité son personnage entre les deux tons. Elle a l'immense chance d'avoir un personnage féminin crédible à défendre.
Zack et Miri font un porno est donc une comédie réussie, qui plaira sans aucun doute aux fans de Smith, et qui a plusieurs bons moments. Pourtant, il s'agit d'un film bien incomplet, que ce soit dans le récit lui-même ou dans cette incapacité à être véritablement romantique ou véritablement vulgaire. Smith a déjà fait mieux et on a déjà vu pire.
Attendre un nouveau film de Kevin Smith, c'est toujours excitant, mais jamais autant que cette fois-ci. Le titre était parfait et sans équivoque : Zack et Miri font un porno.On salivait déjà devant les nombreuses possibilités comiques de cette simple mise en situation, d'autant qu'avec Kevin Smith à la barre, le projet était entre bonnes mains. Comme on pouvait s'y attendre, Smith est particulièrement en verve et ses dialogues sont vifs, vulgaires et inventifs. Pourtant, le film n'est pas le succès attendu, ni le feu roulant de blagues qu'on espérait, d'abord parce qu'on sent à chaque instant le rapiéçage, l'inaccomplissement et l'ombre des censeurs s'élever sur ce qui aurait pu être une comédie vraiment accomplie.