Youth in Revolt s'inscrit dans cette mouvance du cinéma comique américain qui s'adresse aux ados en adoptant leurs habitudes plutôt qu'en leur imposant une vision réductrice (celle des adolescents riches, de la cheerleader amoureuse du quart-arrière qui attend le bal de finissant pour faire l'amour, du nerd secrètement amoureux de la cheeleader, etc.) de leur génération. Un courant plutôt récent, tout de même, qui n'a apparemment pas épuisé toutes ses possibilités depuis le film qui a tout enclenché, Superbad. Ce film en fait la preuve : l'audace a encore sa place, il reste quelques gros mots à dire, et on a encore des histoires à raconter, à condition de le faire avec la même désinvolture qui a fait de Michael Cera la vedette qu'il est. Mission accomplie, dans ce cas-ci.
Nick Twisp, un adolescent d'Oakland qui vit avec sa mère et son beau-père, fait un jour la rencontre d'une magnifique jeune fille de son âge, Sheenie, qui habite un parc de roulottes à l'extérieur de la ville. Convaincu qu'il s'agit de la femme de sa vie, Nick décide de se créer un alter ego, François, qui l'encourage à désobéir afin d'être envoyé chez son père et ainsi se rapprocher de Sheenie. Mais cette dernière est envoyée en pension dans un collège français, et Nick doit encore la pourchasser en continuant ses méfaits. Recherché par la police et par le petit ami de Sheenie, Nick (et François) tente le tout pour le tout afin de finalement faire l'amour avec elle.
Michael Cera est certainement le spécialiste de ce type de personnage : puceau timide mais cultivé, incapable de parler aux filles, obsédé par le sexe (mais qui ne l'est pas, honnêtement?). Bien peu de surprises dans son interprétation, sinon François, l'alter ego, délicieusement ironique mais sous-utilisé. La nouveauté, et elle est importante : on s'intéresse ici au cas du bad boy, avec ironie et intelligence, un mal qui frappe les jeunes filles modernes sans qu'on ne puisse expliquer pourquoi. Mais bon, il ne s'agit pas de comprendre, mais d'accepter de faire avec.
Le scénario, adapté à partir d'une série de romans de C.D. Payne, réserve son lot de surprises, qui agrémentent les mésaventures de Nick/François. Le soin très méticuleux qu'on a accordé au personnage féminin principal, de son droit à la sexualité à ses tendances manipulatrices, s'avère particulièrement divertissant, surtout quand Nick/François entrent eux aussi dans le jeu. À partir de là, presque tout est permis, et le film, excepté quelques hésitations en deuxième partie, parvient à tenir la distance niveau comédie. Les nombreuses prestations enjouées des comédiens secondaires y sont évidemment pour beaucoup, et les Zack Galiafianakis, Ray Liotta et Steve Buscemi semblent être particulièrement à l'aise dans cet univers.
Youth in Revolt a bien ses quelques moments « charmants », mais il ne s'en contente pas; ses dialogues sont vifs, souvent drôles, et son scénario rigoureux, respectueux de son auditoire et bien construit, ajoutent au grand plaisir qu'on retire des aventures de Nick/François. À la limite du film noir et de la comédie pour ados, Youth in Revolt séduit à première vue et intrigue suffisamment pour qu'on veuille en savoir davantage. C'est peut-être ça, le truc, avec les filles...