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La (nouvelle) belle et la (nouvelle) bête.
Vu à Montréal.
La nouvelle venue Caroline Lindy nous invite à une relecture très originale et osée (mais pas assez) du conte de Gabriel de Villeneuve. Loin de la vision de Jean Cocteau ou du succès inoubliable en dessin animé initié par Walt Disney, elle nous propose une adaptation contemporaine et très éloignée. Ici, Laura, la Belle, n’est pas une princesse mais une chanteuse de Broadway qui vient de se faire larguer par son petit copain (accessoirement et également son metteur en scène) alors qu’elle sort d’une opération grave due à un cancer tandis que la Bête est un jeune homme dont le visage souffre de malformation et qui vit dans une pièce cachée de la maison de la mère de Laura. « Your Monster » prend donc un tournant plus réaliste et actuel mais garde tout de même quelques éléments fantastiques - voire féériques - et gentiment horrifiques dans son escarcelle pour une variation amusante et non dénuée de jolies qualités.
La rencontre entre les deux personnages est bien amenée, leur passé respectif se tient et on s’amuse de leurs griefs de départ. Et si on n’est jamais effrayé par l’aspect monstrueux de cette « bête », on prend plaisir à suivre l’évolution de leur relation qui s’en retrouve d’autant plus pertinente. « Your Monster » vire d’ailleurs agréablement vers le film de vengeance et pointe du doigt la masculinité toxique, notamment dans le milieu de l’art puisque le film se déroule à New York dans le contexte de Broadway. Le film délie alors son intrigue bien sentie et efficace où une idylle va donc forcément naître entre les deux colocataires forcés tandis que Laura va tenter de reprendre sa place au sein de la compagnie du musical de son. Et on embarque sans mal dans l’histoire d’amour tout autant qu’on prend plaisir à voir le personnage reprendre du poil de la bête et se venger de son ancien fiancé.
Néanmoins, « Your Monster » reste trop gentil et pas assez audacieux. Sur le fond comme sur la forme. Avec un sujet pareil, iconoclaste et ouvert à toutes les folies ou bizarreries possibles (on pense au faciès du film danois « Border » pour le monstre), le long-métrage demeure bien sage et son déroulement classique. On sent que, parfois, Lindy semble vouloir aller vers du plus sanglant mais aussi du plus étrange mais elle se retient. Il manque aussi un peu d’humour alors qu’une situation pareille autorisait forcément un comique de situation ou un humour décalé. La toute fin va dans ce sens. On sent qu’il y a une envie d’aller ailleurs mais comme le reste était assez sage, elle dénote et s’avère très abrupte et en total décalage avec la tonalité de tout ce qui a précédé. Des petits accrocs qui empêchent cette comédie romantique mâtinée de fantastique d’être aussi réussie et inoubliable qu’elle l’aurait probablement souhaité.
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