À fendre le coeur.
Le slasher revient à la mode petit à petit par le biais de suites tardives (la saga « Scream » qui a été déterrée avec grand succès avec deux épisodes prenant la forme de legacy sequel et un septième l’année prochaine) ou des remakes (on attend celui de « Souviens-toi... l’été dernier » cet été). Mais on a aussi droit à des films originaux comme celui sorti du sérail d’auteur « In a violent nature », ultra violent et original mais imparfait, ou à ceux plus mainstream tels que « Thanksgiving » et ce « Heart Eyes ». Deux films qui prennent, hasard ou coïncidence, des célébrations pour contexte et ainsi les rendre plus mémorables et identifiables. Si celui prenant la commémoration de l’arrivée des colons aux États-Unis était peu marquant, celui prenant comme toile de fond la Fête des amoureux, la fameuse Saint-Valentin, est beaucoup plus sympa. Et bien que cette célébration ait déjà été utilisée par le genre dans le « Mortelle Saint-Valentin » des années 70 et son remake des années 2000. Mais, pour ces derniers, le décorum de cette fête était bien peu utilisé puisqu’il se déroulait dans une mine...
Ici, « Heart Eyes » use à plein régime de toute la grammaire et des traditions de cette fête de l’amour que ce soit visuellement, par le biais de son tueur aux yeux en cœur (étonnement réussi à défaut d’être effrayant) et surtout dans son déroulement. En effet, puisque le film utilise une idée plutôt inattendue : mêler le slasher à une véritable comédie romantique pleine de sentiments et représentée par un couple en devenir qui reprend le même schéma que dans tout film du genre (ils se détestent, s’apprivoisent, s’attachent, se déçoivent, se quittent et se retrouvent). ! Et le film va au bout de son idée car on a donc vraiment une romance qui prend le pas sur chaque séquence qui n’est pas versée dans une tuerie. Étonnant et totalement en phase avec la note d’intention donc. Et pour que cela ne soit pas trop ridicule, le long-métrage a la bonne idée de ne pas se prendre au sérieux et de verser souvent dans le méta et le second degré.
Le mélange des deux est donc aussi détonnant qu’étonnant même si on tombe souvent dans les clichés du genre et les invraisemblances pour les deux. C’est même parfois agaçant de voir les réactions des personnages face à un tueur masqué qui les poursuit d’un côté ou le côté niais niveau sentimental de l’autre. Mais le film les assume plutôt bien avec son côté moqueur et presque ludique. Le casting est sympa même si aucun personnage ne s’avère réellement marquant mais l’alchimie entre le couple principal est assez bonne.
Du côté des meurtres, on a droit à quelques mises à mort excellentes, aussi gore que sanglantes. La scène d’ouverture, qui donne souvent le ton dans les slashers, fera date : elle est clairement jubilatoire. Mais d’autres dans le dernier tiers et lors des révélations finales sont également bien crades et originales. On plus de mal à comprendre que durant la première moitié du film, il y en ait si peu, « Heart Eyes » se focalisant plus sur l’aspect romantique que sanglant. Surtout qu’on parle d’un couple tué dans un spa (lieu propice à une belle séquence de meurtre) mais qu’on ne le verra jamais (!). On apprécie également les lieux choisis pour illustrer les tueries qui sortent un peu du tout-venant, d’un commissariat désert à un ciné-parc en passant par une église ou une fête foraine. Le film se moque aussi de nouvelles tendances comme le wokisme et de la Saint-Valentin en elle-même avec brio. Alors si le film n’a rien d’extraordinaire, son mix de genres assez réussi et quelques morceaux bien gores nous font passer un bon petit moment sans prétention rappelant que le slasher peut encore se réinventer.
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