Le concept de Yesterday en est un particulièrement fantastique : après une étrange panne de courant mondiale, un musicien déchu est frappé par un autobus et, lorsqu'il se réveille, constate qu'il est le seul à se souvenir des Beatles. Afin de concrétiser ses rêves, il décide de prétendre qu'il est l'auteur et le compositeur de classiques de la musique tels « I Want to Hold Your Hand », « Yesterday », « Eleanor Rigby » et « Strawberry Fields Forever ».
La comédie rend autant hommage aux Beatles que Bohemian Rhapsody encensait Queen et Freddie Mercury, mais elle le fait avec une pointe d'ironie qu'on apprécie énormément. On ne peut s'empêcher de rire lorsque le protagoniste chante « Let it Be » pour la première fois à ses parents et que ceux-ci sont complètement désintéressés par la nouvelle composition larmoyante de leur fils. En fait, chaque fois que les personnages dénigrent l'oeuvre des Beatles, croyant qu'il s'agit de celle de Jack Malik, on rigole. Le film, sans prétention, possède un charme fou qui nous enveloppe d'un bonheur simple et doux.
Malgré tout, on aurait espéré davantage de Yesterday. Le film mise beaucoup sur la romance, beaucoup plus que ce qui avait été annoncé dans la bande-annonce. Malheureusement, l'idylle entre le protagoniste et son amie d'enfance à qui il n'a jamais pu déclarer sa flamme s'avère bien moins intéressante que la nouvelle célébrité de Jack Malik, qui repose sur un terrible mensonge. Les deux acteurs (Himesh Patel et Lily James), bien que très efficaces dans leur rôle respectif, ne démontrent pas le genre de chimie qu'on attend généralement de deux amants dans une comédie romantique.
Les arrangements musicaux sont particulièrement habiles. On s'éloigne très peu des versions originales, au grand plaisir des fans des Beatles. Mais, Yesterday n'est pas destiné uniquement aux mélomanes. L'idée est tellement originale et audacieuse que tous les cinéphiles peuvent apprécier cette proposition, amalgamant l'humour, la romance, le fantastique et le drame. Dans cette réalité alternative, les Beatles n'existent plus, mais plusieurs autres choses ont disparu et il est particulièrement amusant de les découvrir au fil du récit.
Aussi, le film s'étire en longueur. On aurait pu aisément retirer 20 à 30 minutes sans entacher la compréhensibilité de l'oeuvre. Même que, au contraire, on aurait probablement gagné en pertinence. La réalisation de Danny Boyle est généralement compétente, mais son utilisation excessive des mentions écrites finit par agacer. Puis, en ce qui concerne la présence de Ed Sheeran au générique, elle n'est pas particulièrement utile à l'avancement du récit, mais elle apporte un élément comique notable qui justifie, à lui seul, la participation du chanteur britannique au film.
Au final, malgré ses petits défauts évidents, Yesterday vaut le détour, si ce n'est que pour son bonheur intrinsèque et contagieux et sa singularité décoiffante. Par contre, sachez que vous chanterez « Back in the U.S.S.R. », « Let it Be » et « She Loves You » des heures après le visionnement.