Il y a eu, il y a trois ans, le rafraîchissant Bluff pour nous faire connaître Simon Olivier Fecteau et Marc-André Lavoie. Deux jeunes réalisateurs qui (même avant Xavier Dolan!) ont décidé de produire, réaliser, scénariser et monter leur premier film (presque) sans l'aide des institutions gouvernementales. Petit miracle, Bluff avait un charme assez inexplicable : l'efficacité dans la simplicité. Y'en aura pas de facile est aussi, en ce sens, un petit miracle. Le même budget restreint, la même passion de ses artisans : des acteurs professionnels qui acceptent de jouer dans un film seulement pour l'amour du jeu, cela restera toujours valeureux. La même simplicité. Mais cette fois, quelque chose est manquant.
Un biographe dans la cinquantaine décide de s'inscrire à Réseau contact. Afin d'enregistrer une petite vidéo de présentation, il décide de s'inspirer de la vie de ses sujets pour embellir la sienne. Il va donc raconter plusieurs mésaventures en les endossant : la fois où il s'était fait voler son portefeuille avec le billet gagnant de la loterie dedans, l'autre fois où il avait engagé un tueur à gages pour l'assassiner après une mauvaise journée, ou la fois où il avait passé un week-end afin une ancienne flamme du secondaire devenue escorte. Sans oublier la fois où il a rencontré une blonde canon cachée sous des allures de brune timide à la recherche de l'amour.
La multiplication des personnages implique évidemment la multiplication des interprètes : la plupart sont crédibles, tous sont talentueux, mais assez peu semblent véritablement passionnés. On s'acquitte de sa tâche avec un plaisir apparent, la plupart du temps avec talent, mais on semble perpétuellement en attente d'une intervention « divine » (en tout cas extérieure) qui prendrait la forme d'un revirement dramatique ou d'un gag. Malheureusement, bien peu ne surviennent véritablement, et le(s) récit(s) demeurent assez prévisibles, sinon simplement monotones, d'autant que les acteurs ne sont pas utilisés dans un contre-emploi qui ajouterait un peu de piquant. Emmanuel Bilodeau est bien bon, mais il joue ce qu'on croit être Emmanuel Bilodeau. Même Mahée Paiement et Denis Bouchard, qu'on voit peu au cinéma, sont exactement comme on croit les connaître.
On finit donc par se désintéresser du destin de ces nombreux personnages un peu fades. Les nombreux changements de ton ne servent pas le récit non plus, passant de la comédie au drame avec la même désinvolture. Rien n'est sérieux, rien n'est véritablement palpitant. Mais rien n'est vraiment raté non plus. La plupart du temps, le montage n'est donc pas au service du récit ou de l'humour. Il ne sert qu'à amalgamer ensemble des histoires un peu aléatoires qui auraient été autant de bons courts métrages.
Y'en aura pas de facile n'a malheureusement pas la fraîcheur espérée par sa proposition dynamique : avoir une bonne histoire est déjà assez difficile comme ça (on ne parle même pas encore de la porter à l'écran), peut-être qu'en avoir cinq, voire six, est trop risqué. La faiblesse de l'une affecte la force de l'autre, et tout finit par être également moyen. Pas raté, ni mauvais, juste assez peu enthousiasmant.