Il n'y avait de personne mieux désigné que Matthew Vaughn pour raconter les origines de ces super-héros-mutants qui ont connus tant de succès au grand écran au cours des années 2000. Le réalisateur de Kick-Ass possède cette fraîcheur et cette tempérance nécessaires à la réussite de ce type d'oeuvre cinématographique. Irrévérencieux sans être déplacé, orignal mais pas trop (il ne faudrait tout de même pas éloigner le bon peuple), le cinéaste réussit à plonger le public dans un univers fantastique pour le moins complexe - et pourtant crédible - sans l'ennuyer ou l'assommer de vaines informations et d'effets visuels superflus. On veut impressionner, divertir, mais tout d'abord raconter une histoire, et ça, fort heureusement, Vaughn l'a compris. Sa réalisation n'interfère jamais avec la progression du récit, qui, malgré quelques inégalités et incohérences, est fort intéressant et habilement ficelé. Les risques sont grands lorsque l'on décide de produire un « prequel » d'une série comme celle de X-Men; on doit considérer ce qui a déjà été fait, sans le pasticher, tout en respectant (le mieux possible) les écrits originaux, la philosophie derrière la mythologie. Et encore là, Vaughn et son équipe ont accompli un petit miracle, ce genre d'amalgame entre intensité dramatique et justesse narrative qu'on a rarement la chance de voir au sein d'un blockbuster américain.
Le choix judicieux de chacun des acteurs est également un élément clé à la réussite de la production hollywoodienne. James McAvoy livre une performance flamboyante dans le rôle d'un professeur Xavier tout juste diplômé, jeune et fringuant, qui courtise la gent féminine avec ses nombreuses connaissances sur le génome humain. Le spectateur s'attache immédiatement à cet individu affable qui croit en l'Homme malgré les preuves tangibles de son intolérance et de son égoïsme. Jennifer Lawrence, récemment nominée aux Oscars pour son travail dans Winter's Bone, est aussi pleinement crédible sous les traits d'une Mystique jouvencelle et naïve qui donnerait tous ses pouvoirs pour une minute de normalité (le litige de toutes les adolescentes, mutantes ou non). Michael Fassbender campe quant à lui, tout en nuance et en rigueur, l'ennemi futur des X-Men, Magneto. Bien qu'on le sait cruel et malveillant, d'en apprendre davantage sur ses origines nous amène à percevoir le protagoniste de manière différente, plus compatissante.
Les effets spéciaux sont, pour la plupart, d'une grande efficience technique. Les capacités particulières de chacun des mutants sont habilement représentées à l'écran - il n'y a que la transformation d'Emma Frost en entité cristalline qui donne l'amère impression d'un vampire de Twilight qui aurait cuit au soleil. L'humour désinvolte (que ce soit la brève - mais délicieuse - apparition de Hugh Jackman ou les quelques allusions à la calvitie future de Professeur X) allège le récit et l'empêche de tomber dans le mélodrame.
X-Men: First Class s'avère sans contredit une réussite au point de vue technique et narratif. Les temps morts sont pratiquement absents - une chose admirable dans ce genre de production - et le jeu des comédiens, époustouflant. On ne risque pas de regretter chez Fox le choix d'avoir confié cette lourde tâche (de ramener les X-Men à la tête du box-office) à Vaughn, même que l'on risque fort de voir les mutants récidiver dans les années à venir. Si la compétence de l'oeuvre reste la même, amenez-nous s'en des suites, on est capable d'en prendre.
On veut impressionner, divertir, mais tout d'abord raconter une histoire, et ça, fort heureusement, Vaughn l'a compris. Sa réalisation n'interfère jamais avec la progression du récit, qui, malgré quelques inégalités et incohérences, est fort intéressant et habilement ficelé.
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