Le nouveau film inspiré des écrits de Roald Dahl (Charlie et la Chocolaterie, publié en 1964) est beaucoup plus sucré que l'original. Comme Willy Wonka le fait d'ailleurs avec ses chocolats, Paul King a rehaussé son long métrage de saveurs riches afin de lui apporter un caractère particulier. Est-ce une mauvaise chose? Ça dépend évidemment du point de vue. Les invétérés s'ennuieront certainement de l'aspect plus sombre et mystérieux du personnage de Johnny Depp dans le film de Tim Burton, alors que d'autres préfèreront ce conte en chansons sans prétention orchestré par King. Chacun ses goûts.
Comme sa mère lui disait plus jeune que les meilleurs chocolats qu'on puisse goûter sur terre se trouvaient à la Galerie gourmande, le jeune Willy Wonka met tout en branle afin de réaliser son rêve d'ouvrir sa propre boutique dans ce lieu raffiné. Alors qu'il est sur le point de voir son souhait le plus cher être exaucé, il est confronté au cartel du chocolat, mené par trois des plus grands producteurs de l'endroit. Ceux-ci s'efforceront de lui mettre des bâtons dans les roues. De plus, il sera fait prisonnier par Mme Scrubitt, qui le forcera à travailler pour elle, aux côtés d'autres bonnes personnes qu'elle exploitera sans scrupule.
Agréable mélange entre la folie de Matilda, le cran d'Annie et l'originalité de Mary Poppins, Wonka propose une mise en scène somptueuse, qui nous amène irrémédiablement à reconnecter avec notre coeur d'enfant. Impossible de ne pas s'imaginer un instant déambuler dans cette boutique magique où les bonbons durs tombent du ciel et les étagères sont faites de chocolat. On rêverait tous aussi de goûter à un morceau de ces truffes colorées qui nous font défier les lois de la gravité. Il y a peut-être certains passages un peu plus laborieux pour les enfants, dont les origines de la petite Noodle, qui inflige au film quelques minutes de trop, mais rien pour tomber sur le coeur des amoureux du sucrose.
Timothée Chalamet est à la fois touchant et charmant sous les traits du grand confiseur, magicien et inventeur qu'est Willy Wonka. Ce personnage sans aucune malice fait du bien au coeur du cinéphile, presque autant que le chocolat. La jeune Calah Lane, qui personnifie l'orpheline Noodle, apporte une cuillère de candeur supplémentaire à la recette. Les principaux opposants à Wonka, trois entrepreneurs aigris et arrogants, assument leur rôle avec panache. Puis, il y a Rowan Atkinson (Mr. Bean lui-même), dans le rôle d'un ecclésiastique gardien des précieuses réserves de chocolat liquide, et Hugh Grant, sous les traits d'un Oompa Loompa, qui viennent compléter le savoureux tableau de cette distribution aux goûts parfaitement balancés.
Si on ne fredonnera pas ces nouvelles chansons des jours durant (parce qu'elles n'ont pas l'envergure souhaitée), on se rappellera des couleurs, des magnifiques chorégraphies et, surtout, de la joie que ces airs naïfs nous ont procurée. À noter que toutes les pièces ont été traduites dans la langue de Molière pour la version française québécoise. Cela permet évidemment aux jeunes cinéphiles de suivre l'histoire, mais dans le processus, quelques bribes de magie se sont perdues dans les méandres de l'adaptation.
Wonka n'est pas parfait, mais il accomplit sa mission d'égayer le coeur des petits et des grands, comme une bonne tasse de chocolat chaud.