Pour de multiples raisons, les adaptations cinématographiques de superhéros de DC Comics tombent toujours à l'eau. Il y a bien eu l'excellente trilogie de Christopher Nolan sur le célèbre homme chauve-souris, mais cela remonte à loin. Depuis, le public s'est farci l'inégal Man of Steel, le consternant Batman v Superman et le ridicule Suicide Squad. Alors qu'on pensait que Marvel avait anéanti son adversaire, Wonder Woman vient changer la donne.
Croisant le monde mythologique de Thor à la réalité historique de Captain America: The First Avenger, ce long métrage très attendu explore la genèse de Diana Prince (Gal Gadot), ses premiers faits d'armes auprès des Amazones à sa décision d'aider un pilote (Chris Pine) et de se joindre à l'effort de guerre afin d'arrêter les nazis. Indiana Jones aurait été fier d'elle.
Une fois passée une introduction fastidieuse sur fond d'entraînements, le film peut enfin commencer. Et contrairement à ses prédécesseurs, un humour salvateur vient baigner les péripéties. Diana est perçue comme une jeune femme naïve et son compagnon va l'initier au monde réel tel Pygmalion avant lui. Cela donne des situations cocasses et de nombreux sous-entendus sexuels qui semblent provenir d'une vieille comédie américaine. C'est incroyable comment le fait de ne pas trop se prendre au sérieux et de ne pas miser sur une noirceur excessive peut faire un bien fou. Le duo Gadot-Pine fonctionne à plein régime et même seule, l'actrice israélienne en impose par une prestance physique qui compense son inexpression. S'ils sont joints par des gentils charismatiques (Robin Wright, Saïd Taghmaoui de La haine, Ewen «Spud» Bremner de Trainspotting), les méchants brillent par leur manque total de personnalité.
Bénéficiant d'une réalisation énergique de Patty Jenkins (Monster) et d'une trame sonore lyrique de Rupert Gregson-Williams (en mode X-Men: First Class), cette création qui emprunte parfois au film de guerre - de façon plus convaincante que Rogue One - se distingue surtout au niveau de ses combats. Les affrontements sont spectaculaires et malgré une sensation de se retrouver devant un jeu vidéo, quelques moments retiennent l'attention. C'est le cas notamment où l'héroïne se trouve sur un champ de bataille face à l'ennemi.
Tant qu'à la jouer oeuvre féministe, Wonder Woman aurait pu y aller jusqu'au bout. C'est bien beau d'offrir la mise en scène à une femme, elle aura inévitablement les mains liées lorsque ce sont des hommes au scénario et qu'une majorité de mâles prennent les décisions comme producteurs. Cela peut expliquer un produit interchangeable, redondant et prévisible, avec une finale qui ne semble jamais vouloir se terminer et une quantité phénoménale de belles valeurs à assimiler. Déjà que notre protagoniste vertueuse décide ultimement de sauver le genre humain pour les beaux yeux de son amoureux... Au moins, le scénario possède quelques bonnes idées dans sa manche, posant par exemple des questions pertinentes sur l'héroïsme.
Loin de trôner au sommet des meilleurs films de superhéros (ce n'est pas The Dark Knight, Unbreakable ou même Watchmen), Wonder Woman fait tout de même un travail honorable. L'effort est drôle, enlevant et divertissant sans jamais s'échapper des archétypes qui semblent cimenter le genre. On reconnaît là une qualité d'ensemble qui semblait plus propre au sceau de Marvel (du moins au cinéma) qu'à celui de DC Comics. En espérant que Justice League qui prend l'affiche dans à peine cinq mois soit du même calibre... ou même supérieur.