Le jeune réalisateur Francis Bordeleau a voulu dépeindre, dans son premier long métrage, le portrait d'une génération étouffée par l'urgence de vivre une existence pleine et riche. Écrit en seulement 4 jours et tourné en moins de deux semaines, le cinéaste aspirait à faire ressentir l'intensité et la vélocité du monde dans lequel on vit aux spectateurs. L'exaspération et la douleur de vivre traversent certainement l'écran, mais le film manque quand même d'unicité pour que le message passe et que l'émotion soit vécue pleinement par les cinéphiles.
Le long métrage raconte l'histoire d'un groupe de jeunes adultes qui affrontent les aléas du quotidien avec leur lot de souffrances et de questionnements. Lorsque la chef de cette meute, Andie, dominatrice et manipulatrice, décide de s'enlever la vie devant ses proches le jour de son anniversaire, les survivants verront leur existence chamboulée et leur confiance en eux et en la vie en sera dangereusement ébranlée.
On ne peut reprocher à Bordeleau la qualité de sa réalisation. Ses images opaques et colorées, parfois chargées, souvent dépouillées, nous amènent à comprendre d'autant plus concrètement le drame dont sont victimes les protagonistes. On salue ses plans-séquences, notamment lors du fameux party d'anniversaire, qui prouvent, en partie, le talent du jeune cinéaste. L'utilisation de la musique comme moteur narratif et certaines séquences précises (dont celle de l'embrassade entre Andie et Bibiane dans la peinture) nous rappelle le cinéma de Dolan.
Même si le thème principal du film n'est pas le suicide, il prend une place prépondérante au sein du scénario. Les personnages sont invariablement transformés par le geste radical de leur amie. Le drame aborde également d'autres sujets assez lourds comme la folie, l'abandon parental ou l'infidélité. Reste que c'est la mort d'Andie qui nous reste collée à la peau et l'assurance avec laquelle elle s'enlève la vie le jour de ses 21 ans.
À ce titre, Catherine Brunet fait un travail exceptionnel. Elle arrive à nous transmettre avec finesse la rage et le chagrin qui habitent son alter ego. Malheureusement, ce n'est pas tous les acteurs qui sont aussi justes. Ludivine Reding et Antoine Pilon se débrouillent plutôt bien, mais Godefroy Reding et Léa Roy manquent cruellement de nuances. Bien que cette séquence mettant en scène Mariloup Wolfe et Mylène Mackay ne soit pas très utile et nuise au rythme de l'histoire, on l'aime tout de même pour les courtes, mais brillantes performances - en gros plan - de ces actrices fabuleuses.
Wolfe ne manque pas d'audace et de promesses. Avec un plus gros budget et plus de temps, Francis Bordeleau pourrait certainement nous surprendre. Malgré ces quelques imperfections, cette carte de visite est convaincante et invitante. On attend son deuxième film avec impatience.