Très bonne histoire de jeunesse.
Personnages attachants.
Adolescence jurassienne.
Après le magnifique « Leurs enfants après eux » et avant les tout aussi beaux « La Pampa » et « Lads » (selon leur date de sortie en France), voici encore un nouvel exemple de cinéma français réussi qui pose sa caméra au fin fond de la campagne hexagonale. Cette fois-ci, ce n’est pas les plaines désindustrialisées de l’Est, les terres angevines ou la campagne frontalière du Nord de la France mais le Jura qui servira de cadre à « Vingt Dieux ». Et le Jura très profond, agricole et purement campagnard. Un décor que l’on voit très peu sur nos écrans et qui va se positionner comme l’écrin parfait à cette chronique adolescente entre gravité et légèreté adoptant le schéma du récit initiatique. C’est encore une fois un premier long-métrage (si l’on excepte celui des frères Bourkhema), preuve que la jeune garde du cinéma français aime à retourner dans cette France oubliée ou moins mise en valeur dans les salles qui lui inspire vraiment de belles œuvres, autres que celles alarmistes sur sa disparition.
Ici l’histoire est assez anodine et c’est davantage le cadre et ceux qui y évoluent qui attirent notre regard et aiguisent nos sens. On entre tellement en immersion au sein de ces terres campagnardes que l’on pourrait presque sentir l’odeur du foin et du purin. Louise Courvoisier vient de la région et cela se sent dans sa manière naturaliste et minérale de la filmer. Elle en est amoureuse et nous donne envie d’aller y poser les pieds pour un séjour bucolique loin du stress de la ville. Bien sûr le constat n’est pas idyllique mais pas non plus sombre, juste proche du réel. L’agriculture est montrée dans toute sa beauté comme sa complexité sans pour autant avoir un discours pessimiste sur la dure vie d’agriculteur puisque ce n’est pas le sujet du film. La confection du fromage, le fameux Comté, qui fait la fierté de la région est également présentée sous toutes les coutures faisant parfois ressembler « Vingt Dieux » à un documentaire de France 3 Régions le temps de quelques séquences.
Et que dire de tous ces acteurs non professionnels au naturel désarmant. Un vrai casting de gueules du cru parfaitement choisi et qui semble à l’aise devant la caméra. Comme si tous rejouaient leur propre vie pour le film. Le rôle principal tenu par Clément Faveau est une nouvelle sacrée découverte, brute et pure, qui par son énergie et sa détermination illumine le film. C’est parfois mignon (les scènes de drague entre le jeune garçon et l’agricultrice ou celles avec sa jeune sœur espiègle), tantôt dur (les règlements de compte), drôle à d’autres occasions (les répliques labelisées 100% patois du cru) mais aussi émouvant (la mort du père). C’est la vie en somme. Celle des petites gens des campagnes et sans jugement mais plutôt avec admiration sans que celle-ci soit béate. Alors on pardonne un script limité et quelques maladresses propres aux premiers films pour profiter de ce petit moment hors du temps qui fait du bien.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.