Nous en avons vu des tonnes de films comme celui-ci, à commencer par Alien qui, bien que sorti en 1979, reste le meilleur du genre encore aujourd'hui. Life emprunte d'ailleurs énormément d'éléments au film de Ridley Scott. En plus d'avoir l'espace comme trame de fond et des astronautes et membres d'équipage d'un vaisseau spatial comme protagonistes, Life et Alien présentent un extraterrestre semblable : tentaculaire, visqueux, furtif et malveillant. Son origine dans Life s'avère, par contre, assez originale, admettons-le : une cellule recueillit sur la planète Mars qu'on soumet à différentes conditions atmosphériques et qui prend vie puis devient incontrôlable.
Life a recours à tous les procédés habituels du suspense : musique et silences inquiétants, atmosphère lugubre, décisions discutables des personnages, etc. Ces procédés, qui ont prouvé leur efficacité par le passé, parviennent encore à nous faire sursauter et maintenir une ambiance inquiétante, mais ne nous étonnent plus comme jadis. L'histoire de Life est prévisible. Nous savons exactement comment le tout se terminera et même si, en fin de parcours, on arrive presque à nous confondre, certains détails (dont une trop grande insistance à suivre les règles du genre) gâchent notre surprise.
La présence de Jake Gyllenhaal et Ryan Reynolds - deux acteurs très populaires à Hollywood - au générique est une simple question de marketing. Ni l'un ni l'autre n'apporte quelque chose de pertinent à ce film, qui aurait pu mettre en scène n'importe quel acteur de la relève. Bien qu'on ait accordé une importance plus grande au personnage de Gyllenhaal et qu'il a eu droit à quelques scènes plus intenses et dramatiques que les autres, il ne se démarque pas du lot pour autant. Rebecca Ferguson et le reste de la distribution s'avèrent aussi plutôt interchangeables.
La réalisation de Daniel Espinosa est intéressante quoique parfois trop insistante. L'action se déroule presque constamment en apesanteur. La caméra flotte donc dans le vide avec les personnages (attention aux coeurs sensibles!). Cette façon de faire est profitable en ce sens qu'elle arrive à confondre le spectateur et l'étourdir. Bientôt, le cinéphile n'arrive plus à différencier le plancher du plafond et ne sait pas à quel endroit se situent certains objets dans la pièce (on nous montre notamment souvent une souris dans une cage sans nous indiquer où elle se trouve précisément). Le concept aurait probablement pu être poussé encore plus loin, mais peut-être aurait-on trop déstabilisé le spectateur...
D'un point de vue esthétique, Life est satisfaisant, mais pas remarquable comme l'avait été, par exemple, Gravity en 2013, qui nous présentait l'espace avec beaucoup de poésie et d'étrangeté. Le suspense de science-fiction comprend aussi son lot de séquences peu ragoutantes, comme il est coutume d'en voir dans ce genre de films. Mentionnons quand même que l'aspect gore n'est pas le principal intérêt de la production, mais ceux qui apprécient les lacérations et les éviscérations seront servis à quelques reprises (où j'ai, personnellement, détourné le regard).
Life ne délogera certainement pas Alien de son piédestal et ne se retrouvera pas non plus sur la liste des meilleurs films de l'année, mais pour vivre quelques bonnes frousses dans les règles de l'art, on a déjà vu pire...