Victor Frankenstein fait partie de ces oeuvres fantastiques qui ont des ambitions beaucoup trop démesurées pour leurs pauvres aptitudes narratives. I, Frankenstein possédait d'ailleurs les mêmes carences scénaristiques, les mêmes hypothèses exiguës et démesures artistiques que son congénère. Alors que dans l'un on s'amusait d'un certain « ordre des gargouilles », dans l'autre on s'étonne (puis s'esclaffe) de voir un savant fou aspirer le pus de la bosse d'un bossu pour le redresser et en faire son fidèle assistant dans ses malsaines expériences.
Le drame d'épouvante se veut une oeuvre sérieuse, mais chacun de ses postulats bicornus encourage la dérision; que ce soit le maquillage de Pierrot de Daniel Radcliffe, les excès de folie passionnés de James McAvoy, le gorille mutant en cavale dans l'école de médecine, le policier invraisemblable de Andrew Scott fortement ancré dans ses valeurs oecuméniques et cette ancienne trapéziste qu'un baron homosexuel prend sous son aile après un séjour à l'hôpital. Même les bonnes idées renvoient ici à la satire. Ces dessins anatomiques que les protagonistes imaginent sur les corps d'hommes et d'animaux comme une radiographie étaient une proposition intéressante, mais deviennent rapidement loufoques, eux aussi. Même la direction photo, qu'on trouve d'abord originale, finit par nous apparaître clichée, tout comme le jeu des acteurs qui frôle souvent la parodie.
Le film s'amorce d'ailleurs avec la voix d'un narrateur (Daniel Radcliffe) disant ceci : « Vous connaissez déjà cette histoire ». Le problème se trouve probablement quelque part dans cette première phrase. Victor Frankenstein a voulu raconter le pendant inconnu d'un conte populaire. Il n'était pas le premier à utiliser cette hypothèse, entendons-nous, les exemples sont innombrables (Maleficent, The Huntsman Winter's War, Hansel and Gretel: Witch Hunters, etc.), mais on aurait pu tirer quelque chose d'intéressant en se penchant sur l'histoire de cet homme qui a décidé, avec son fidèle serviteur, de recréer la vie. Malheureusement, les bonnes idées sont rapidement noyées dans une indomptable marée d'inepties.
Peut-être que Victor Frankenstein aurait pu s'illustrer davantage en tant que film de série B, mais son budget démesuré, ses effets spéciaux rigoureux et son langage bourgeois en font un navet du même acabit que les autres navets.