Woody Allen quitte le brouillard de Londres pour les paysages ensoleillés de la région catalane et de la ville de Barcelone; où il y a des femmes magnifiques mais parfois dangereuses, où il ne pleut jamais et où on peut boire du vin toute la journée. Sauf que derrière toute cette légèreté se cache, comme il est d'usage avec le cinéaste new-yorkais (en tout cas dans l'âme, il y a quand même passé ses plus belles années, cinématographiquement parlant), un regard sur l'amour qui ici oppose la belle Vicky, sur le point de se marier et plus mature, et sa copine Cristina, qui ne sait pas trop ce qu'elle veut mais qui sait ce qu'elle ne veut pas. Comme on suivrait nous aussi Scarlett Johansson partout, Allen peut bien aller à Londres, Barcelone ou Tombouctou s'il garde cette fraîcheur qui, malgré son âge et son expérience, font de ses films un moment de beauté et d'insouciance arrangée. L'amour garde jeune.
Vicky et Cristina, deux Américaines, décident de passer l'été à Barcelone. La première, qui est sur le point de ce marier donc, voudra finir sa thèse sur la culture catalane tandis que la seconde voudra se changer les idées après avoir travaillé pendant six mois sur un film qu'elle déteste. Elles feront la rencontre d'un ténébreux peintre qui va d'abord les inviter pour un week-end d'amour et de tourisme. Puis, chacune tombera amoureuse du peintre pendant que l'ex-femme de ce dernier, qui a déjà essayé de le tuer, réapparaît dans sa vie.
À l'aide d'une narration omniprésente et omnisciente, Allen ajoute à cette trame - qui est effectivement un peu simple - un humour ironique très dynamique, qui rappelle presque Y tu Mama Tambien. Disons que la sonorité de la langue espagnole y est aussi pour quelque chose, mais quand même. Beaucoup moins créatif et vulgaire que ce dernier, Allen ressasse quelques vieux clichés sur l'amour en leur ajoutant cet esprit - qu'on voudrait croire jeune - d'exploration et d'expérimentation. La recherche de l'amour, vu par Woody Allen, ça donne une excellente comédie romantique qui se laisser facilement regarder. Les impératifs de l'amour sont bien ancrés, amusants parfois mais surtout justes, défendus par des actrices formidables, de la révélation de Rebecca Hall à Scarlett Johansson, très confiante. Penélope Cruz trouve la note juste dans les moments plus tendres mais tombe parfois dans le cabotinage lorsqu'elle se met en colère (ce qui est assez souvent).
Allen demeure pudique et ne montre pas de torrides scènes sexuelles (comme il aurait pourtant dû!), mais il ne montre pas non plus les disputes et les discussions anodines qui peuplent la journée d'un couple, les plaçant donc au même niveau. Il les remplace souvent par de la musique d'ambiance ou une petite narration. Ce petit bisou sur les lèvres entre Johansson et Cruz, dont on a fait tout un cas pour rien, ne dure que quelques secondes à peine et ne sauve pas le film d'un essoufflement à mi-parcours. C'est Allen qui le fait, avec ses dialogues les plus savoureux depuis longtemps.
Vicky Cristina Barcelona est à la fois le plus vrai et le plus factice du cinéma; que des belles personnes, dans un cadre enchanteur, avec comme seul impératif l'amour. Impossible d'être malheureux, mais rien à voir avec la vraie vie. Et puis il y a le commentaire, qui parle de ce « destin » de l'amour auquel on n'échappe pas malgré toute la bonne volonté du monde, tôt ou tard. Vaut mieux tôt, non?
Comme on suivrait nous aussi Scarlett Johansson partout, Allen peut bien aller à Londres, Barcelone ou Tombouctou s'il garde cette fraîcheur qui, malgré son âge et son expérience, font de ses films un moment de beauté et d'insouciance arrangée. L'amour garde jeune.
Contenu Partenaire