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Vesper Universe.
En premier lieu, il faut féliciter le travail incroyable qu’on fait les deux cinéastes sur ce film de science-fiction nanti d’un budget riquiqui pour le genre, c’est-à-dire environ 5 millions d’euros. A titre de comparaison, c’est ce que coûte un film d’auteur moyen français sans aucun effet spécial. Et pour avoir un ordre d’idées, dans ce genre plutôt coûteux si on ne veut pas faire série Z fauchée, « Dune » a coûté plus de 200 M$. D’ailleurs, toutes proportions gardées, on pense parfois à ce dernier par la grâce de certains décors (notamment ces immenses machines à récolte) mais aussi à un autre film de Villeneuve pour la tonalité mélancolique choisie ici : « Premier contact ». C’est pour dire qu’à l’instar des productions de Jason Blum à petit budget et maxi profits, ce « Vesper Chronicles » nous impressionne par son univers sublime, maîtrisé et plein d’idées et la manière dont il optimise son budget minuscule en le multipliant par dix à l’image. On est loin d’un autre essai français de science-fiction récent, sincère mais plutôt raté et qui faisait très cheap : « Le dernier voyage de Paul W.R. ».
Cette coproduction entre la Lituanie (oui, vous lisez bien) et la France est donc un régal pour les yeux et prouve que, sans moyens mais avec beaucoup d’imagination, on peut encore faire rêver le spectateur et offrir du grand cinéma de genre. Ce petit pays balte dont est originaire la cinéaste (qui réalise en duo avec le français Bruno Samper) a financé ce film et offert ses décors naturels de petits villages reculés et de nature nordique. Cela donne un cachet rare à ce long-métrage ambitieux qui nous émerveille par toutes ses trouvailles visuelles. Que ce soit dans les décors, les personnages non humains, cette faune et cette flore inédite (ou cette fusion des deux), on est subjugués par tant de surprises inédites sur un fond postapocalyptique et dystopique pourtant rebattu. Les effets spéciaux sont incroyables et permettent de croire à cette végétation qui fusionne avec l’homme ou l’animal (la scène de la serre ou celle du champignon jaune qui se propage sont sublimes) et lorgne légèrement du côté de « Annihilation » et certains films de Cronenberg pour el côté body horror (« eXistenZ » en premier lieu).
On apprécie également que « Vesper Chronicles » ait un propos écologique qui alerte avec doigté sans marteler sa morale de manière agressive ou triviale. On écorche des sujets sérieux (le brevetage des récoltes par Monsanto par exemple est épinglé ici) ou plus folkloriques (l’adénochromie ou le fait de s’injecter du sang infantile pour ne pas vieillir). On nous offre ici un univers au potentiel incroyable (des pèlerins aux créatures créées en laboratoire, les Jug) mais parfois frustrant tout de même. En effet, on se languit de ne jamais pénétrer la Citadelle par exemple, faute de budget. Il manque aussi un peu d’action, le rythme est un peu plat mais pas au point de s’ennuyer. Il n’empêche, la quête de Vesper et ses aventures fascinantes vont nous happer durant près de deux heures. En outre, les personnages sont ien écrits et on se ravit à chaque instant des trouvailles de ses deux réalisateurs et scénaristes. C’est le genre de projet à encourager pour sa créativité et qui interpelle et devrait donner des idées à beaucoup. De la science-fiction minimaliste, intelligente, nécessaire, cohérente, belle et réussie qui fait que l’on pardonne aisément ses petits défauts.
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