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Chasse à l'homme désaturée.
Il était très attendu ce film produit par Apple TV sur l’esclavage mettant en vedette Will Smith après son premier Oscar mérité pour « La méthode Williams » mais aussi suite à la polémique de la gifle lors de la cérémonie le même soir. Faisons fi du débat stérile concernant l’acte de l’acteur, ce n’est pas du cinéma mais du vide comme aiment tant nous le seriner en boucle nos chers médias. Malheureusement pour l’acteur, il y aura un avant et un après et son bannissement de la cérémonie coupe court à pas mal de potentielles récompenses pour « Émancipation ». Mais ce long-métrage aurait-il eu sa place lors de la prestigieuse cérémonie sans cette affaire? La réponse est clairement non, ou très peu probable hormis peut-être dans la catégorie meilleur acteur. Attention, ce n’est pas raté ni même mauvais mais ça ne rentre pas dans les standards de l’Académie et le film souffre de trop de petits défauts qui l’empêchent de tutoyer les sommets.
Après, comme énoncé plus haut, peut-être que Will Smith aurait été une nouvelle fois nommé tant sa composition est encore une fois bonne mais cette année il y a bien meilleur et plus impressionnant que lui en compétition (Brendan Fraser dans « The Whale » pour n’en citer qu’un). On peut aussi noter la prestation glaçante de Ben Foster qui excelle toujours dans les rôles de méchants mais loin de toute caricature (un monologue de sa part explique brièvement mais avec brio le comportement et les actions de son personnage). En revanche, impossible de ne pas parler du choix étrange d’Antoine Fuqua de désaturer autant l’image pour presque la faire verser dans le noir et blanc. Cela lui donne certes un aspect rare et singulier mais on ne peut pas vraiment dire que ce soit beau et que ça colle à l’histoire. En gros, ce choix esthétique n’a pas vraiment de logique et s’avère hasardeux. A la limite, un total noir et blanc eut été préférable mais pour ce film, on maintient que la couleur aurait été de rigueur pour rendre ses images plus amples et belles. N’est pas le Steven Spielberg de « La Liste de Schindler » qui veut...
« Émancipation » souffre de plus d’un scénario bien trop basique et linéaire pour convaincre. On a finalement affaire à une banale chasse à l’homme tout le long avec un peu de film de guerre sur la fin. Une séquence d’ailleurs très impressionnante niveau mise en scène et ampleur mais qui perd de sa superbe à cause du choix de la photographie qui ne la met absolument pas en valeur. Quant à la partie course-poursuite entre esclave et chasseur de primes, elle est captivante et prenante mais manque cruellement de fond. On est loin du très grand film sur l’esclavage tel qu’a pu l’être « 12 years a slave » récemment. La thématique en elle-même est survolée sur le plan des idées et sert de prétexte à cette chasse à l’homme spectaculaire et bien faite mais qui ne fait pas vraiment honneur à son délicat sujet. On déplore également un happy end un peu mielleux où les violons sont bien trop de la partie. Au final, ce n’est pas déplaisant mais le film d’Antoine Fuqua ressemble plus à une série B de luxe bien troussée, en dépit de certains choix visuels abstraits, qu’au grand film sur l’esclavage qu’il prétend être.
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