Les attentes envers Glass de M. Night Shyamalan étaient immenses. Son film Unbreakable avait connu un tel succès en 2000 que les cinéphiles attendaient la suite (qu'on leur avait promis entre les branches) avec impatience. Quand ces derniers ont constaté que Split, très bien reçu par les critiques et les fans, était en fait ce nouveau film tant espéré qui annonçait en plus le retour prochain d'Elijah Price et David Dunn, les fans sont devenus euphoriques. Voilà qui met beaucoup de pression sur les épaules du cinéaste, qui n'avait rien réalisé de bien mémorable depuis près de 20 ans.
Une chose très importante qu'il faut savoir par rapport à Glass, c'est qu'il est réservé à un cercle d'initiés. Ceux qui ne connaissent pas la mythologie derrière M. Verre, David Dunn et Kevin Wendell Crumb n'apprécieront probablement pas cette proposition ciblée de Shyamalan, du moins, pas autant que les autres. On vous conseille donc de revoir Unbreakable et Split avant d'assister au visionnement de Glass. Même si le film propose un survol des évènements précédents, les nombreux personnages et les caractéristiques spécifiques de ces derniers peuvent rapidement embrouiller les profanes.
Glass n'offre pas une histoire très complexe; l'essentielle de celle-ci se déroule dans un hôpital psychiatrique où les trois héros sont traités pour mégalomanie. Rappelons-nous d'ailleurs que la trame narrative d'Unbreakable n'était pas très étoffée non plus. On est ici davantage dans la réflexion que dans le mouvement. À ce point de vue, le mythe du superhéros est développé de façon plutôt intéressante. On se demande même à un moment si ces trois hommes ne possèdent pas réellement des pouvoirs surnaturels ou s'ils sont seulement désaxés depuis le début. On aurait quand même préféré un peu moins de monologues vides sur la bande dessinée et plus d'actions.
La (longue) finale nous laisse à la fois comblés et déçus. Certains aspects sont riches et audacieux alors que d'autres frôlent la dérision et manquent de contextualisation et d'originalité. Comme les conclusions étonnantes de M. Night Shyamalan ont fait sa réputation, on espérait quelque chose d'un peu moins droit et logique. Reste qu'il est bon de retrouver ces personnages qu'on a découverts il y a 19 ans. Voir David Dunn affronter La Bête a quelque chose de symbolique que les fans de la première heure sauront certainement apprécié. James McAvoy vole à nouveau la vedette dans le rôle de cet homme atteint du trouble de la personnalité multiple. Willis est plus effacé et L. Jackson s'avère plutôt effrayant, bien que l'on sent qu'il aurait pu l'être davantage.
Glass n'est pas parfait, mais il représente une suite convaincante pour ceux qui rêvaient de revoir David Dunn et son némésis Elijah. La consécration de M. Night Shyamalan sera pour un autre jour, mais le réalisateur nous prouve quand même avec ce film qu'il n'a pas perdu la flamme.