Depuis près d'une décennie, la société de production Blumhouse a redonné ses lettres de noblesse aux longs métrages horrifiques. Dès que Paranormal Activity a engendré près de 200 millions de dollars pour un budget d'à peine 15 000$, un filon d'or est apparu au grand jour, n'attendant qu'à être recueilli. C'est notamment grâce à elle qu'on a eu les séries Insidious et The Purge, que M. Night Shyamalan est revenu de son long chemin de croix avec The Visit et Split, et que Get Out a ravi la critique et le public tout en remportant un Oscar pour son scénario original. Personne n'est toutefois infaillible et tout le monde a droit à l'erreur.
Dans un genre où il est de plus en plus difficile d'innover, et où on a déjà vu aboutir au cinéma Hide and Seek et Ouija, c'est au tour d'un autre jeu, Truth or Dare, d'atterrir sur les écrans. Qui n'a jamais joué à Vérité ou conséquence? Mais certainement pas de cette façon, alors qu'un refus de participer ou un désir d'enfreindre les règlent entraînent des conséquences funestes.
On pense rapidement à Jumanji à la sauce Nerve. À un passe-temps mortel où le destin façon Final Destination oblige chaque participant à tenter sa chance, repoussant ainsi la malédiction chez quelqu'un d'autre. Cette idée a fait ses preuves dans It Follows, devenant une brillante métaphore du sida. Un concept qui est beaucoup plus terre-à-terre ici, rappelant l'importance de dire cette vérité qui fait mal et d'être là pour ses proches.
Grand admirateur de jeux tordus comme en fait foi son Cry Wolf, Jeff Wadlow a pondu avec trois autres personnes un scénario qui peine à surprendre et surtout, à convaincre. Il possède ce désir d'amener du sérieux là où il n'y en a pas, sans toutefois délirer à fond lorsque le moment le permet. Ses joutes de massacres ne transcendent nullement ce que les différents épisodes de Saw ont établi par le passé, il n'y a aucune scène véritablement effrayante et l'humour s'avère beaucoup trop timide, limité. À partir d'une prémisse aussi farfelue, on prenait davantage son pied avec Happy Death Day. Sa réalisation sans relief rappelant son travail sur le décevant Kick-Ass 2 n'est également rien pour aider.
Au sein de la horde d'individus sans saveur qui déblatèrent des dialogues souvent risibles et dont l'interprétation demeure primaire, deux exceptions sortent du lot. Il s'agit de l'héroïne, campée avec charme et vigueur par la chanteuse et actrice Lucy Hale (l'émission Pretty Little Liars), puis de sa meilleure amie, la lumineuse Violett Beane (The Flash). Le script multiplie les rapprochements et les engueulades au fil des révélations du passé et des fantasmes en place.
On ne s'amuse pas autant qu'on aurait dû devant Truth or Dare. Oui, on sourit parfois devant la débilité de certaines situations et les mauvaises décisions de ses personnages. Sauf que le film ne va jamais plus loin que son prometteur flash de départ. Il en faut beaucoup plus à notre époque, surtout en cette période où le très abouti A Quiet Place vient d'élever les standards en place. Mais bon, peut-être qu'en programme double pour un Vendredi 13, question de se mettre en appétit...