Lorsque la première bande-annonce de Venom est sortie, on s'imaginait que Marvel avait enfin osé faire un film d'horreur avec l'un de ses personnages, une oeuvre plus sombre et violente qui plairait à un autre genre de public. Force est de constater que nous avions tort. Venom n'est pas bien différent des autres productions de Marvel en ce qui a trait à son contenant formaté. En plus, son contenu déçoit par son propos grotesque.
Venom devrait nous effrayer avec ses dents affutées, son corps musculeux noir, ses grands yeux blancs veineux ainsi que sa langue fourchue, mais il nous fait rire bien avant de nous intimider. Sa voix caverneuse et ses réflexions puériles ne peuvent que nous amuser. Et, évidemment, ce n'est pas la réaction espérée par le studio. Il nous rappelle le Green Goblin de Willem Dafoe dans le premier Spider-Man avec Tobey Maguire, ce qui n'est pas un compliment.
Les scénaristes auraient certainement voulu qu'on craigne Venom, mais il est beaucoup trop absurde pour être pris au sérieux. L'apothéose du ridicule est atteinte lorsque le symbiote extraterrestre se détache du corps d'Eddie Brock et s'adresse à lui comme une marionnette, la tête flottant dans les airs et reliée au héros par quelques ligaments fibreux. À ce moment précis, il ne nous est plus possible de considérer Venom comme un vilain crédible.
Avant cela, l'intrigue nous captivait suffisamment pour qu'on pardonne certains raccourcis, mais cette séquence vient teinter de ridicule le reste de la production, qui se conclut d'ailleurs dans un combat stéroïdé à la Transformers entre Venom et Riot, un autre symbiote. On ne peut même pas encenser la qualité des effets spéciaux puisqu'ils sont ici bien moins spectaculaires que ce à quoi Marvel nous a habitués avec les Avengers.
Tom Hardy fait de son mieux pour apporter un peu de crédibilité à son personnage, mais ses efforts sont vaincs. Son Eddie Brock manque de colonne. Même si ses intentions sont bonnes, on a du mal à s'attacher à ce journaliste déchu qui a perdu sa détermination et son courage en même temps que son emploi et sa copine. Il est plutôt rare de voir Michelle Williams dans des rôles aussi « grand public ». Celle qui interprète généralement des femmes torturées dans des films d'auteur ne parvient pas à apporter de la crédibilité au film, malheureusement.
Le dénouement optimiste et léger ne fait qu'aggraver la chose. Venom est bien loin du vilain machiavélique et menaçant auquel on s'attendait. C'est une créature dévouée à son hôte, voire serviable, qu'on aurait espéré plus sale et féroce. Il semble qu'on se soit dit qu'il était impossible de faire du héros un méchant. On a donc attendri un personnage qui ne méritait pourtant pas un tel traitement. Venom est donc une oeuvre aseptisée comme toutes les autres propositions de Marvel, mais sans la qualité des textes - à la fois humoristiques et engageants - de la franchise Avengers.