Comme plusieurs, vous étiez impatients de voir ce que les scènes cachées de Venom : Ça va être un carnage (Venom: Let There Be Carnage) et Spider-Man : Sans retour (Spider-Man: No Way Home) allaient bien pouvoir signifier pour la suite du parcours de ce cher Eddie Brock (Tom Hardy), et du symbiote avec lequel il entretient une relation des plus tumultueuses depuis maintenant six ans.
Eh bien, vous serez heureux d'apprendre (ou pas) que Marvel est demeuré fidèle à ses habitudes des dernières années en tassant le tout d'un bon coup de balai, prétextant carrément au passage que, de toute façon, le multivers, c'est tellement 2021...
Cette question étant réglée d'entrée de jeu, nous pouvons dès lors passer aux choses (plus ou moins) sérieuses, alors que Venom et les autres symbiotes devront littéralement faire face à leur créateur : le ténébreux Knull.
Heureusement, celui-ci est toujours retenu prisonnier au coeur d'un endroit aussi sombre que son âme. Un détail qui n'empêche toutefois pas le principal intéressé d'envoyer quelques créatures numériques aussi imposantes que difficilement arrêtables aux quatre coins de la galaxie pour tenter de retrouver la clé qui pourrait lui permettre de se mouvoir de nouveau.
Une clé dont Venom est (évidemment) en possession.
Tandis que les autorités essaient de mettre la mort du détective Mulligan (qui n'est pas vraiment mort, soyez rassuré) sur le dos d'Eddie, ce dernier et Venom prennent la route en direction de New York en quête d'un nouveau départ. Le duo est dès lors pris en chasse par des militaires en possession des autres symbiotes qui se sont écrasés sur Terre avec Venom.
Car, voyez-vous, si Venom ou Eddie venait à perdre la vie, la fameuse clé pouvant libérer Knull disparaîtrait par la même occasion. Pratique, non?
Ayant participé à la production et à la scénarisation des deux épisodes précédents, Kelly Marcel agit aussi cette fois-ci à titre de réalisatrice, et celle-ci orchestre sans trop de difficulté l'opus le plus maîtrisé, fonctionnel et violent de la série d'un point de vue visuel et narratif.
Sur le plan dramatique, toutefois, le scénario est toujours aussi mal foutu, regorgeant de raccourcis douteux minant l'efficacité de l'ensemble, de dialogues boiteux, de personnages tracés à très, TRÈS gros traits, et de séquences faisant plus office de remplissage qu'autre chose.
Ce qui est néanmoins clair depuis le début, c'est que la série ne se prend jamais au sérieux, et parvient une fois de plus à se démarquer jusqu'à un certain point des autres productions du genre en assumant totalement sa propre désinvolture.
Vous vouliez voir Mme Chen faire une chorégraphie élaborée avec Venom sur « Dancing Queen » d'ABBA dans une suite luxueuse d'un hôtel de Las Vegas? Votre souhait est enfin exaucé.
Évidemment, le fer de lance de la franchise demeure l'engagement de Tom Hardy, et toutes les scènes de « buddy comedy » que son personnage partage avec le locataire de son corps, lesquels mènent cette fois-ci à quelques moments plus prenants étonnamment bien livrés.
Nous devons également accorder des points à la sympathique performance de Rhys Ifans dans la peau d'un hippie et ufologue convaincu n'ayant pas toujours beaucoup d'égard pour la sécurité des membres de sa famille.
Le tout culmine ultimement vers un affrontement final beaucoup plus ambitieux et efficace que par le passé, mais qui aurait pu l'être encore davantage si Marcel avait su mieux jouer ses cartes en ce qui a trait au développement de certains personnages secondaires (trop souvent limités à une simple fonction), et n'avait pas gardé ses meilleurs éléments pour un potentiel quatrième film.
En termes d'exécution, Venom : La dernière danse (Venom: The Last Dance) est l'équivalent de demander à un enfant de ranger sa chambre. Le résultat paraît certainement moins bordélique, plus soigné et attrayant, même si nous savons que beaucoup de poussière a juste été poussée sous le tapis, et que nous sommes toujours autant à risque de mettre le pied sur un bloc Lego.
Mais le sentiment de satisfaction émanant de certaines séquences et notre implication émotionnelle face au récit s'avèrent néanmoins beaucoup plus authentiques cette fois-ci.
Ce ne serait donc pas la fin du monde si cette conclusion n'était finalement qu'un autre commencement...