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Visite texane.
Mais quel drôle de film! « Vengeance » est clairement une œuvre difficile à cerner, presque inclassable de prime abord, une toile plutôt revêche à appréhender tout comme à mettre dans une case ou placer dans un genre et encore plus complexe à définir ou résumer. Rien que ce titre on ne peut plus banal colle tout autant à l’histoire qu’il ne lui rend absolument pas honneur. Et, encore plus étonnant, c’est une production Blumhouse. Oui, oui, la maison de production spécialisée dans les séries B et les films d’horreur à petit budget mais maxi profits. Il ne faut cependant oublier que cette société a aussi produit quelques pépites rares dans des genres plus nobles et cinéphiles comme l’immense drame psychologique « Whiplash », le « Split » de Shyamalan ou encore le génial thriller « The Gift » de Joel Edgerton. Ici, on est dans une sorte de vision acerbe et satirique de l’Amérique contemporaine, une Amérique profondément divisée, sur une toile de fond empruntant au polar. Le film va alors explorer ce fossé qui scinde les USA en deux (grossièrement on pourrait dire démocrates contre républicains ou encore habitants des côtes contre habitants des terres) via l’arrivée d’un journaliste new-yorkais en pleine cambrousse texane. Ce long-métrage est clairement symptomatique des récentes errances et dysfonctionnements qui ont mis à jour la dualité (voir la schizophrénie) du peuple américain. Ni vraiment une comédie, même si quelques répliques font bien marrer, encore moins un thriller puisque l’intrigue policière est vraiment accessoire mais pas non plus une œuvre politique tant celle-ci est laissée de côté. C’est davantage à une étude de mœurs pince-sans-rire que nous convie B.J. Novak, voire presque une analyse sociologique de son pays.
Si son nom ne dit pas grand-chose au grand public, les spectateurs de la série « The Office » le connaissent. Celui-ci passe pour la première fois derrière la caméra avec « Vengeance » et nous assène un petit film malin et bien senti sur l’Amérique d’aujourd’hui et ceux qui la peuplent. On n’est pas non plus dans « The Hunt », autre production Blumhouse totalement folle et géniale qui se servait d’une chasse à l’homme grandeur nature pour tirer à boulet rouges sur les dissensions du pays de l’Oncle Sam, mais le but est le même. En somme, tirer le portrait des habitants d’un même pays et mettre à jour leur différences. Heureusement, le résultat reste assez fin et bienveillant. On échappe à la caricature et aux lourdeurs même si on aurait aimé que tout cela soit plus virulent, plus poil à gratter et peut-être davantage baigné dans l’humour noir. Ce qui est dit ici est loin d’être anodin et la manière de réfléchir et de voir le monde des rednecks du fin fond du Texas est confrontée à celle de la haute intelligentsia new-yorkaise. Choc des cultures au sein d’un même pays qui aboutit à quelques séquences bien gratinées et drôles mais aussi à un détournement bien vu de certains clichés. Il y a pas mal de dialogues très intelligents et intéressants qui font montre d’une grande acuité. B.J. Novak aurait cependant dû se concentrer sur sa mise en scène, ici bien trop anecdotique, et laisser le premier rôle à un acteur plus adapté et connu. « Vengeance » aurait gagné en aura et se serait peut-être garni d’une réalisation plus racée. On a donc juste droit à un petit film sympathique et original avec un fond intelligent mais qui ne restera pas pour autant dans les annales et sera vite oublié.
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