Quelques semaines seulement après la sortie de l'immense succès A Minecraft Movie qu'une nouvelle adaptation cinématographique d'un jeu vidéo à succès prend déjà l'affiche au cinéma. Until Dawn ne rapportera probablement pas autant d'argent, mais les amateurs de films d'horreur ne voudront pas bouder leur plaisir.
Sorti en 2015 sur la PlayStation 4, Until Dawn lorgnait davantage vers le cinéma que le jeu vidéo. Le joueur regardait souvent plus qu'il ne participait à ce film interactif d'une dizaine d'heures où l'on reconnaissait même quelques acteurs connus comme Rami Malek et Hayden Panettiere.
Le long métrage, lui, emprunte exactement le chemin inverse. Cette prémisse de cinq amis coincés dans une nuit sans fin où ils vivront encore et encore leur propre mort à moins qu'ils trouvent un moyen de survivre jusqu'à l'aube ne pourrait pas faire plus jeu vidéo. Ils ont un nombre limité de «vies» avant de disparaître complètement. C'est Edge of Tomorrow avec encore plus de gore et de tension.
Le film et le jeu vidéo ont surtout en commun de rendre hommage au septième art d'épouvante. Cette répétition des événements amène une multiplication des «méchants» qui prennent différentes formes. De la production classique de survie, on se retrouve soudainement devant un slasher à la Halloween, un ridicule suspense fantastique évoquant Evil Dead 2, une oeuvre de zombies baignant dans le body horror, un drame psychologique sous fond de folie, etc.
Until Dawn se rapproche ainsi de The Cabin in the Woods de Drew Goddard dans sa façon méta de jouer avec les clichés du genre. L'effort ne fait pas particulièrement peur, même s'il regorge de moments inquiétants comme celui du clown qui renvoie directement à Poltergeist. Le long métrage distille plutôt un humour bien noir en tenant en haleine, laissant le spectateur au bout de sa chaise devant ce divertissement tordu et sanglant à souhait, qui devient cependant de plus en plus prévisible et même monocorde.
Le récit à usage unique pourrait paraître mince et superficiel. Et il l'est. Le scénario n'a pas grand-chose à dire des traumas de son héroïne, seulement qu'il faut cesser de fuir et les affronter avant de se laisser complètement envahir par la noirceur. Prisonniers de ce cauchemar angoissant, les jeunes comédiens font ce qu'ils peuvent, ne laissant aucun souvenir impérissable. C'est toutefois Peter Stormare, l'inoubliable figure de Fargo et déjà présent dans le jeu original, qui semble le plus s'amuser à jouer au docteur.
Après avoir signé les deux sympathiques épisodes de Shazam!, le cinéaste David F. Sandberg retourne à ses premiers amours en renouant avec le cinéma horrifique. L'homme derrière l'efficace Lights Out et le surprenant Annabelle: Creation offre une nouvelle réalisation de métier, jouant ici avec les ombres et la lumière, là en altérant le rythme afin de créer des effets insoupçonnés. Les sursauts gratuits ne sont peut-être pas épargnés, tout comme ces manies stylistiques qui tentent de transformer la finale en morceau épique, mais dans l'ensemble, son travail s'avère plus appliqué que la moyenne et il bénéficie grandement de la photographie de qualité de Maxime Alexandre (proche collaborateur d'Alexandre Aja) et de la musique intempestive de l'omniprésent Benjamin Wallfisch (le récent Wolf Man, Alien: Romulus).
Se situant quelque part entre Resident Evil et Silent Hill, Until Dawn est un thriller décent et même jouissif à ses heures, aussi distrayant que répétitif. Ironiquement, le film semble davantage s'adresser aux adeptes de films d'horreur qu'aux fans du jeu vidéo qui se retrouveront devant un projet à la fois similaire et bien différent. Dans tous les cas, il s'agit de la seconde transposition vidéoludique consécutive à ne pas mordre la poussière, ce qui n'est probablement jamais arrivé dans l'histoire du cinéma.