Un film qui atteint l'équilibre entre la nécessité d'un film comme celui-là pour le peuple américain et la lucidité qu'il fallait avoir et maintenir pour mener l'exercice à bon port.
Le cinéaste Paul Greengrass (The Bourne Supremacy) pose son regard d'étranger - il est anglais - sur les événements du 11 septembre 2001. Et comme la blessure est encore trop vive, il a choisi d'éviter le plus possible de montrer les tours du World Trade Center (on attendra la vision sur le sujet d'Oliver Stone) et a préféré se concentrer sur le vol 93 d'United Airlines, le seul qui n'a pas atteint sa cible.
Avec un impressionnant laconisme, Greengrass développe une histoire complète avec des objectifs, des enjeux, des noeuds dramatiques, des personnages attachants et interpellés et ce sans même les nommer. Un effort cinématographique impressionnant, ne serait-ce que pour le peu d'information transmise par les paroles. On prétendra que les non-dits et les sous-entendus étaient nécessaires, voire inévitables, mais on était tout de même pas complètement rassuré avant de les voir.
Autant qu'on est maintenant rassuré de ne pas avoir vu ou senti ce patriotisme qu'on appréhendait et qu'on croyait tout aussi inévitable que les non-dits. Non, Greengrass évite le nationalisme exagéré, évite le mélodrame et parle plutôt d'émotions réelles, brutes, cruelles même, qui frappent et qui, elles, atteignent leur cible - si l'expression est de circonstance - le spectateur désarçonné qui vit les événements à la fois dans ses souvenirs et sur l'écran. D'autant qu'il sait comment cette histoire se termine.
La réalisation est efficace et montre efficacement le désordre qui régnait probablement après que deux avions eurent happé les tours. L'histoire est présentée sur trois fronts, celui des passagers de l'avion, des contrôleurs aériens nationaux et des militaires. Toutes les trois sont très intenses.
Les acteurs, tous des inconnus, sont aussi très efficaces et ajoutent au réalisme du film. Une performance toute en simplicité qui passe presque inarperçue derrière la tension et l'émotion.
Une journée marquante, un film marquant, qu'on aime ou pas nos voisins du sud. Le drame humain de cette journée est réel, et à l'écran il est palpable, à cause de la vision du cinéaste qui s'y consacre entièrement. À voir, ne serait-ce que pour voir prier en même les temps les terroristes et les passagers.
Vu en version originale anglaise
Un film qui atteint l'équilibre entre la nécessité d'un film comme celui-là pour le peuple américain et la lucidité qu'il fallait avoir et maintenir pour mener l'exercice à bon port.
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