Pour Unfrosted, Jerry Seinfeld a renoué avec un trio de scénaristes avec lesquels il collabore périodiquement depuis la belle époque du sitcom culte portant son nom.
Déjà, il y avait ici un certain argument de vente.
Ensuite, l'idée que tout ce beau monde se soit rassemblé pour élaborer une satire de l'industrie du déjeuner tournant autour du lancement de la délicieuse Pop-Tart était suffisamment saugrenue pour - au moins - piquer la curiosité.
Ajoutez comme glaçage une quantité astronomique d'apparitions surprises de différentes figures de la comédie et du cinéma américains, et vous auriez dû obtenir un divertissement assez efficace pour satisfaire - au moins - les dents sucrées.
Malheureusement, la liste des ingrédients n'a pas été respectée, le temps de cuisson a été négligé, et la pâte ne lève ultimement qu'à moitié.
Unfrosted nous ramène au début des années 1960, dans une ville ordinaire du Michigan où cohabitent les sièges sociaux des deux plus grandes marques de céréales américaines : Kellogg's et Post.
Nous sommes à l'aube d'une nouvelle révolution dans le marché du repas le plus important de la journée. Travaillant pour Kellogg's, Bob Cabana (Seinfeld) doit alors faire équipe avec Donna Stankowski (Melissa McCarthy) et un groupe d'experts pour le moins douteux, afin de tout mettre en oeuvre pour coiffer la compétition au fil d'arrivée.
Il y a toujours eu une mince ligne entre l'humour absurde et la stupidité pure et dure, et Unfrosted éprouve sa part de difficultés à se tenir d'un côté plus que de l'autre.
Le problème se situe d'abord au niveau de l'approche et du ton. Le long métrage débute de manière candide, semblant d'abord s'adresser à un public assez jeune de par sa mise en scène colorée et épurée, sa direction artistique évidemment vintage et empreinte d'innocence, sa musique de fond simple et enjouée, et ses gags inoffensifs.
Nous nous doutons bien que le tout n'est qu'une astuce pour mieux retourner la formule sur elle-même un peu plus tard, et livrer une comédie beaucoup plus subversive qui s'efforce notamment de réécrire l'histoire de la crise des missiles de Cuba, tout en capitalisant sur la présence de mascottes désabusées, de méthodes d'espionnage peu recherchées (mais étonnamment efficaces), et d'un sinistre syndicat des produits laitiers prêt à tout pour défendre son gagne-pain.
Mais Seinfeld et ses acolytes ne semblent prêts qu'à se mouiller le gros orteil, plutôt que de plonger tête première dans cette matière plus incisive. Et de cette hésitation découle un résultat qui n'aurait franchement pu être plus inégal.
La trame dramatique se déploie de manière simpliste, n'effectuant aucun détour moindrement surprenant. La moitié des répliques et des gags font mouche, tandis que l'autre témoigne d'un manque flagrant de finition et d'inspiration.
Le rythme n'est pas non plus aidé par la rencontre d'éléments narratifs qui ne vont pas toujours bien ensemble, et la présence de séquences particulièrement laborieuses s'étirant au point de devenir gênantes.
Pour tenter de se sortir la tête de l'eau, Seinfeld et cie nous balancent un caméo après l'autre au visage comme de vulgaires surprises de boîtes de céréales. Et encore là, ceux-ci ne produisent que trop rarement l'effet escompté.
Nous devons néanmoins leur accorder l'excellente idée d'avoir ramené, le temps de deux scènes, les personnages ayant révélé Jon Hamm et John Slattery au grand public.
Ici, la qualité aurait définitivement dû primer sur la quantité.
Dans cet ordre d'idées, Hugh Grant, dans la peau d'un acteur shakespearien se cachant à l'intérieur du costume suffocant de Tony le tigre, vole la vedette et élève l'ensemble dans chacune des scènes où il apparaît.
Car, oui, Unfrosted propose bel et bien sa part de moments savoureux de la sorte. Mais à l'instar de son principal sujet, ceux-ci ne nous sustentent que momentanément, ne compensant guère tout le sucre et les calories vides que nous avons dû ingurgiter avant de pouvoir réellement satisfaire nos papilles.