Bien que ce soient nos comédies qui connaissent le plus de succès localement, les drames québécois - souvent puissants, épurés, sincères - sont couramment exportés et amassent les honneurs à l'étranger. Une vie qui commence fait partie de ces productions humaines et intenses qui dévoilent des performances d'acteurs stupéfiantes et des thématiques vibrantes, et qui aura, sans doute, des échos dans le reste du monde. Mais au-delà de ses qualités conceptuelles et formelles, le film de Michel Monty reste malheureusement prisonnier de ce carcan aux barèmes prédéfinis que représente le « drame québécois ». Ce n'est certes pas la qualité de l'oeuvre que je déplore, bien au contraire : la sobriété de la réalisation, la profondeur du jeu des comédiens et l'authenticité des valeurs véhiculées en font un long métrage intéressant, mais qui, malencontreusement, s'apparente à un croisement entre Route 132 et C'est pas moi, je le jure!.
Lorsque Jacques Langevin, père et médecin, meurt subitement, Louise, sa femme, est forcée de prendre les rênes de sa famille. Elle déménage avec ses trois enfants, entre sur le marché du travail et décide, pour faire son deuil plus facilement, d'oublier son mari et de s'affranchir de toutes traces de son existence. Son plus vieux fils, Étienne, ne vit malheureusement pas la mort de son père de la même manière et tente de le retrouver son père à travers certains objets qui lui appartenaient comme ses accessoires de médecin généraliste. Un jour, la rébellion et l'indiscipline deviendront ses seuls outils pour exprimer sa peine et son manque.
La performance sensible du jeune Charles-Antoine Perreault, qui en est à sa première expérience au grand écran, et celle, généreuse et éloquente, de Julie Le Breton donnent au drame psychologique une vraisemblance et profondeur en grande partie responsable de la qualité de l'oeuvre. La relation intime que les deux acteurs entretiennent permet au film de dépasser le stade de récit fictionnel pour atteindre celui de la biographie dramatique.
Sans nous imposer une morale préfabriquée, le long métrage nous propose des idéaux réalistes aux visées positives et inspirantes. Parler de la mort, beaucoup l'ont fait au Québec comme ailleurs, mais très peu y arrivent avec autant d'optimisme et d'espoir. Mais, malgré toutes ses bonnes intentions, ses dispositions empathiques, on ne peut s'empêcher de constater la prévisibilité du long métrage et ses nombreuses affinités avec d'autres films québécois du même genre. Il est évident que l'originalité pure n'existe plus en cinéma; les sujets et les manières de les illustrer ayant été épuisés depuis longtemps. Mais le « drame québécois » est devenu un genre si homogène que l'indifférence de la population commence à s'en ressentir, tout comme le désintérêt progressif de certains critiques (tels que moi).
Ce ne sont pas uniquement des films de genre - comme l'horrible Le poil de la bête ou le générationnel 2 Frogs dans l'Ouest - dont le Québec a besoin pour se diversifier, mais aussi de peaufiner et de nuancer ces drames intelligents qui ont fait connaître le cinéma québécois à l'étranger. À ce titre, Une vie qui commence aurait très certainement bénéficié d'une touche supplémentaire d'audace, d'individualité - tant au niveau de la réalisation, qu'à la scénarisation – pour se différencier de la masse (presque) uniforme qui constitue le « drame québécois ».
Sans nous imposer une morale préfabriquée, le long métrage nous propose des idéaux réalistes aux visées positives et inspirantes. Parler de la mort, beaucoup l'on fait au Québec comme ailleurs, mais très peu y arrivent avec autant d'optimisme et d'espoir.
Contenu Partenaire