Plus elle vieillit, prend de l'expérience et s'affirme en tant que comédienne, plus Michelle Williams confirme l'hypothèse soulevée déjà par plusieurs critiques et penseurs américains qu'elle est l'une des actrices les plus talentueuses de sa génération. N'interprète pas Marilyn Monroe qui veut. Cette femme, considérée comme l'actrice la plus adulée encore à ce jour, n'était pas qu'une figure de beauté et un exemple de sensualité, Marilyn était une artiste troublée, fragile et légèrement impétueuse qui transformait l'existence de ceux qui la côtoyaient - en bien et/ou en mal. C'est du moins le portrait qu'en dessine Williams grâce à un jeu impeccable empli d'une humanité et d'une précarité habilement contrôlée. La jeune femme n'a pas besoin de mélodie pour l'accompagner, lorsqu'elle entre dans une pièce, elle hypnotise et ensorcelle à l'image de celle qu'elle personnifie.
Peut-être parce qu'on ne l'a jamais attachée à un rôle ou à une figure marquante (avant aujourd'hui), Michelle Williams parvient toujours à convaincre le public de la plausibilité du personnage qu'elle incarne jusqu'à nous faire oublier l'actrice qui soutient la fiction et l'alimente. Qu'elle soit une banlieusarde divorcée ou l'une des plus grandes stars de la planète, elle est toujours aussi convaincante. Et ce talent enviable de caméléon n'est pas donné à tout le monde. Le personnage de Colin Clark est également habilement dépeint par le Britannique Eddie Redmayne. L'idylle entre la sex-symbol et le jeune bourgeois cinéphile est parfaitement crédible. « C'est la première fois que j'embrasse un homme plus jeune que moi », dira Marilyn lors d'une baignade improvisée. L'attirance entre les deux êtres est palpable tout comme la recherche de réconfort de la star et la curiosité du jeune homme.
My Week with Marilyn explore un passage sombre dans la vie de Marilyn Monroe, un moment où elle était vulnérable et désabusée par l'image de perfection et de libertinage qu'elle livrait au monde. Cet aspect de détresse, de perdition, s'avère relativement bien développé dans le film. On ressent le fardeau qu'occasionnait le fait d'être une icône, un modèle. Les dialogues - pesés, circonspects - ainsi qu'une voix hors champ effacée et pourtant nécessaire imposent un style caractéristique au film en plus de lui donner de la profondeur et un précieux naturel. Malheureusement une certaine tergiversation, une lenteur dans le récit le rendent parfois larmoyant et plaintif plutôt que d'être captivant, comme il devrait l'être, vu la richesse de l'histoire et la qualité de ses héros.
Simon Curtis réussit à s'éclipser suffisamment pour laisser toute la place nécessaire à son héroïne sans pour autant livrer un résultat insipide et monocorde. La plupart des plans sont réfléchis, mesurés, sans détourner l'attention de l'auditoire vers la technicité de l'oeuvre dramatique. L'époque est également bien représentée (My Week with Marilyn a d'ailleurs été tourné dans les mêmes studios que celui de The Prince and the Showgirl - long métrage représenté dans le film); pas de clichés inutiles ou de lieux communs distrayants, une simplicité qui traverse les âges.
S'il n'y a qu'une raison de se déplacer pour voir My Week with Marilyn ce serait définitivement pour l'incarnation prodigieuse de Michelle Williams et sa perception lucide de cette femme qui a marqué à jamais Hollywood et la façon de faire du cinéma. Si l'interprète de Jen dans Dawson's Creek ne reçoit pas l'Oscar cette année, c'est du vol, tout simplement.
Plus elle vieillit, prend de l'expérience et s'affirme en tant que comédienne, plus Michelle Williams confirme l'hypothèse soulevée déjà par plusieurs critiques et penseurs américains qu'elle est l'une des actrices les plus talentueuses de sa génération.
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