Difficile d'être plus dans l'ère du temps que ça! Dans Une révision, une jeune femme demande à son professeur de philosophie de revoir la correction d'un de ses travaux. L'enseignant croit au contraire qu'il a été juste. Il insiste sur le fait que celle-ci n'aurait pas dû inclure un passage du Coran dans son texte, comme les consignes interdisaient les sources religieuses. Voyant que son professeur ne dérogera pas, elle soumet son travail à la direction qui le fait évaluer par un comité de révision. Si l'enseignant n'accepte pas de changer la note de l'étudiante, il risque la suspension. Jusqu'où sera-t-il prêt à aller pour défendre ses convictions?
Catherine Therrien touche à des sujets à la fois riches, délicats et extrêmement pertinents. Son film s'intéresse à l'éducation, à l'éthique et la culture religieuse (un cours qui sera, d'ailleurs, bientôt remplacé dans les écoles) et à des questions identitaires universelles. Tant le personnage du professeur que celui de l'élève se questionnent sur leurs valeurs et leurs croyances et les remettent en doute, jusqu'à ébranler certaines convictions du spectateur. Les scénaristes Louis Godbout et Normand Corbeil déclinent une réflexion philosophique opportune, qui égratigne les consciences.
Comme on a souvent vu Patrice Robitaille sous les traits du macho illettré, il est rafraîchissant de le voir ici dans le rôle d'un professeur de philo fan de Spinoza. Et, même si nous ne sommes pas habitués de le voir dans la peau d'un intellectuel, il est ici particulièrement convaincant. Il arrive à nous faire voir autant la figure respectable de l'enseignant que l'homme friable qui se cache derrière. Nour Belkhiria est aussi épatante en tant que modèle de sa génération. Il faut dire que les jeunes sont d'ailleurs représentés avec vérité, sans fausses préconceptions, dans ce film. Trop souvent, on dépeint les jeunes adultes et les ados à l'écran de façon méprisante, c'est rassurant de voir cette perception différente, plus empathique.
La réalisation de Catherine Therrien est maîtrisée, habile, mais manque un peu d'originalité. Aussi, la finale fleur bleue, trop douce, nous laisse sur notre faim. Il y aurait certainement eu une façon plus confrontante de conclure ce film passionnant. Reste qu'on apprécie grandement une oeuvre - québécoise qui plus est - qui bouscule nos idéaux. Un peu comme un bon cours de philo, Une révision nous force à réfléchir, ce qu'on ne fait pas assez souvent au cinéma.