Une Estonienne à Paris

Ilmar Raag, qui s'est fait connaître comme réalisateur télé, propose un joli premier long métrage qui n'est malheureusement pas exempt de défauts.

Si le film émeut par moments, c'est grâce aux actrices qui parviennent, bon an mal an, à les rendre attachants.

Le récit progresse à gros sabots mais l'essentiel est dans le face-à-face entre ces deux admirables comédiennes. La relation est touchante et le film procure un sentiment profond d'humanité.

Sur ce thème un peu classique, Ilmar Raag évite les broderies, les bavardages, le pittoresque. Au lieu d'accentuer l'affrontement, propice aux répliques ­vachardes, il explore ses à-côtés, les ­silences, la solitude.

Ilmar Raag, jeune réalisateur estonien, a trouvé le bon équilibre : entre comédie et drame léger, raison et sentiment, douceur et colère, le film touche juste. On sort de là avec le sourire, et une immense tendresse pour Jeanne Moreau.

La réalisation, élégante et sobre à la fois, forge un climat crépusculaire auquel les deux interprètes au diapason apportent de la couleur.

Cependant, il y a tant de chaleur et de tendresse chez Ilmar Raag, qui s'est inspiré d'un fait vécu par sa mère, dans sa façon de filmer ses actrices que la séduction opère.

L'intérêt d'Une Estonienne à Paris se limite à peu près à l'impayable performance de Jeanne Moreau en vieille dame excentrique, revêche et détestable.