Film méta sur et avec Nicolas Cage, The Unbearable Weight of Massive Talent fait rire abondamment... même si son concept dantesque aurait pu être poussé beaucoup plus loin.
Nicolas Cage est la star la plus imprévisible du cinéma américain. Le neveu de Francis Ford Coppola a débuté dans le septième art indépendant, avant d'embrasser les superproductions explosives et de finir un peu has been dans des séries B qui ne prennent même plus l'affiche en salle. Reconnu pour son intensité, l'acteur recourt souvent aux mêmes mimiques, enfiévrant l'écran de sa présence singulière. Pas de quoi sauver tous les navets qui se sont multipliés ces dernières années, mais suffisamment pour amener de la lumière sur quelques opus dignes de mérite comme Pig et Mandy.
Le voilà débarquer dans cette parodie complètement cinglée où il incarne son propre rôle. Celui d'un acteur qui a sacrifié sa famille pour sa carrière et qui ferait tout pour redorer son étoile. Qui sait, s'il y arrive, ses relations avec sa fille de 16 ans et avec son ex-femme risquent de s'améliorer.
Ce concept méta pique rapidement la curiosité. La satire hollywoodienne fonctionne à plein régime, agrémentée d'hommages et de références à la carrière de Cage. Ses fans seront d'ailleurs au septième ciel avec toutes les allusions à Con Air, Leaving Las Vegas et National Treasure. C'est toutefois Face/Off - un de ses meilleurs films - qui revient périodiquement, alors que la notion de duplicité tient un rôle important dans l'histoire.
En effet, notre vedette préférée se retrouve rapidement à côtoyer Javi (Pedro Pascal), un de ses plus grands admirateurs. Non seulement ces futurs meilleurs amis tenteront de concocter un scénario ensemble, mais le personnage incarné par Cage est chargé d'enquêter sur Javi, suspecté d'avoir kidnappé la fille d'un homme important. Les enjeux de création et d'interprétation se retrouvent ainsi au coeur du projet, l'alimentant que davantage de clins d'oeil savoureux.
Le scénario demeure cependant en surface, ne sachant pas toujours quoi faire de cette matière riche et féconde. Au lieu d'aller à fond dans la prise de risque et le délire comme pouvait le faire Everything Everywhere All at Once, The Unbearable Weight of Massive demeure beaucoup plus sage et conventionnel. Les élans dramaturgiques appuyés sur la nécessité d'être un bon père de famille finissent même par plomber l'intérêt. Déjà que les situations, très inégales, traînent régulièrement en longueur, que ce soit cette séance où le protagoniste doit trouver l'antidote d'un poison mortel ou qu'il ingurgite des hallucinogènes. Sans s'attendre à des revirements de situations aussi fabuleux et inusités que ceux d'Adaptation, la prémisse peine à tenir la route dans la durée et les gags finissent par tomber à l'eau.
Mis en scène de façon un peu trop lisse et académique par Tom Gormican, le long métrage touche néanmoins la cible lorsqu'il s'inscrit dans le cadre du duo mal assorti. C'est le genre que le cinéaste avait développé à la télévision avec la série Ghosted et il remet ça grâce au brio de ses interprètes. Nicolas Cage semble beaucoup s'amuser à se moquer de son image, ce qui ne lui était pas arrivé depuis belle lurette. C'est pourtant Pedro Pascal de la série The Mandalorian qui finit par lui voler la vedette. Sa sincérité désarmante le met constamment en réaction de son partenaire de jeu, ce qui lui permet de multiplier les blagues.
Difficile de ne pas s'amuser avec un tel spectacle. La farce rappelle que Nicolas Cage n'a pas dit son dernier mot et qu'il est encore capable d'être pertinent. Pourtant le tout aurait pu aller nettement plus loin dans la dérision - pensons seulement au dernier épisode de Scream - afin d'entrer véritablement en communion avec la psyché unique de son sujet au lieu de simplement l'effleurer. Quelques scènes hilarantes où le héros discute avec une version plus jeune que lui laisse deviner le grand film culte que cela aurait pu être.