A Wrinkle in Time nous rappelle l'échec qu'a été Tomorrowland il y a quelques années : un film fantastique familial de Disney à la diégèse trop complexe pour son format. Disney a investi plus de 103 millions $ dans l'adaptation du roman jeunesse de Madeleine L'Engle, publié en 1962. Le studio a déployé d'innombrables efforts afin de rendre la chose impressionnante au niveau visuel, mais semble avoir omis d'y apporter une part essentielle de magie.
A Wrinkle in Time est souvent trop scientifique, trop logique et trop cartésien pour générer l'abandon du spectateur. On aimerait rêver avec les personnages, partager leur émerveillement, mais nous restons cloués à notre siège de cinéma, perdu dans les mailles de cette histoire alambiquée. Le long métrage perd beaucoup de temps à expliquer les détails théoriques de sa mythologie, il n'en reste donc plus suffisamment pour de saines digressions.
Il faut admettre que la plupart des effets spéciaux sont splendides. Des enfants qui suivent des fleurs parlant le langage des couleurs accrochées à une femme-feuille volante ne sont pas nécessairement aisés à illustrer et pourtant Disney arrive à des résultats assez surprenants à ce niveau, malgré quelques impairs mineurs. Les paysages des planètes étrangères sont aussi particulièrement paradisiaques. Les pelouses verdoyantes, l'eau turquoise, les montagnes couvertes de fleurs; la nature est éblouissante.
Impossible non plus de ne pas constater que le travail de directeur d'acteurs de la réalisatrice n'a pas été accompli de manière satisfaisante. On ressent bien le potentiel de la jeune Storm Reid, mais elle paraît toujours légèrement à côté de la bonne émotion. Levi Miller (le petit Peter Pan qui a bien vieilli) n'a pas le ton juste non plus. Même les trois actrices d'expérience qui interprètent les guides - Oprah Winfrey, Reese Witherspoon, Mindy Kaling - ne paraissent pas confortables dans leur rôle, qui s'apparente à celui de la Fée marraine de Cendrillon.
On ressent aussi que le film tente de nous pousser ses morales au fond de la gorge. L'estime et la confiance en soi, le courage, la persévérance, l'amour fraternel sont toutes des valeurs importantes et nécessaires, mais elles auraient pu être apportées de manière légèrement plus subtile. Difficile d'être plus explicite qu'A Wrinkle in Time.
Il faut mentionner que le film est précédé d'un montage d'images prises lors du tournage du film, accompagné par la voix de la réalisatrice qui remercie son équipe pour le dur labeur. Avant même que le long métrage commence, nous avons l'impression que la cinéaste nous demande d'être indulgent envers sa production parce qu'elle a été difficile à réaliser. Malheureusement pour elle, cet extrait ne m'a pas convaincu de la prendre en pitié.
A Wrinkle in Time n'est pas un échec sur toute la ligne, mais avec autant de moyens et une oeuvre originale aussi riche entre les mains, nous aurions espéré beaucoup plus d'un studio qui a prouvé son potentiel depuis - presque - la nuit des temps.