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Le peuple s'ennuie royalement!
Pierre Schoeller nous avait épaté avec un film à priori austère et rébarbatif sur le fonctionnement étatique. Il se nommait très logiquement « L’exercice de l’état » et vulgarisait le quotidien d’un ministre avec brio dans un film passionnant, fluide et qui parlait à tous. L’ambition de nous rappeler le fonctionnement politique de notre pays lors d’une période charnière, si ce n’est la plus importante, de notre Histoire est louable. Avec « Un peuple et son roi », on replonge donc à la fin du XVIIIème siècle entre la Prise de la Bastille et l’exécution du roi Louis XVI. Le film entend développer les rapports entre le peuple et le roi durant ces quatre années tout en décrivant les conditions de vie de chacun et le contexte politique du moment. Vaste ambition qui ne supporte pas les deux petites heures d’un film de cinéma et qui aurait davantage eu de résonance et de pertinence en série télévisée. Au final, le résultat nous apparaît fastidieux et paradoxalement long. Pour ne pas dire boiteux et raté. Tout cela ressemble à un cours d’Histoire pour les nuls mal dégrossi et finalement nébuleux pour qui ne connaîtra pas les grandes lignes de l’Histoire de France à cette période.
Au rayon des (rares) bonnes choses présentes, il faut souligner la reconstitution opulente et soignée du Paris de l’époque. A ce niveau, il n’y a rien à redire. La mise en scène de Schoeller regorge d’idées, elle est élégante et met bien en valeur décors et costumes tout en restant ample et adroite dans sa manière de prendre le pouls de cette époque tumultueuse. C’est indéniable, certains plans sont aussi beaux que des tableaux d’antan et semblent n’être que les vestiges ou les fulgurances esthétiques de ce que ce film malade aurait pu (et du) être. Louis Garrel en Robespierre et Denis Lavant remontent aussi le niveau de l’interprétation dans d’illustres seconds rôles qu’ils magnifient. Pour le reste, le casting est impressionnant avec de grands acteurs jusque dans les seconds et même troisièmes rôles. Mais au service de pas grand-chose puisqu’ils n’ont pas grand-chose à jouer, juste des ombres de personnages mal dégrossis. Reste la longue séquence du vote de la mort ou non du Roi, peut-être la plus intéressante du film…
A côté de ces quelques sursauts de qualité que reste-t-il ? Et bien un film fantôme au scénario totalement décousu et à qui il manque l’essentiel, à savoir une ligne directrice claire et une narration cohérente. Le script d’éparpille sur une douzaine de personnages sans qu’aucun ne soit réellement creusé. De fait, on ne s’attache à personne. Alors que de se concentrer sur quelques-uns aurait certainement élagué le vide et recentrer l’intérêt du spectateur. « Un peuple et son roi » nous semble relever de la fausse bonne idée et on trouve le temps bien long plus les minutent passent. Il n’y a aucun souffle épique dans cette fresque, aucune émotion. Les scènes s’enchainent sans logique narrative si ce n’est celle de la chronologie. On passe d’un personnage à l’autre sans véritable raison pour que soit dit l’essentiel de l’Histoire. Pourtant, on n’a pas l’impression de sortir de la projection plus éclairé, la faute à une œuvre à la fois trop précise et trop vague. A force, ça devient rébarbatif et fatiguant bien que cela nous rappelle tout de même quelques vérités essentielles grâce aux personnages historiques connus, bien mieux esquissés que ceux du peuple. C’est donc un long-métrage bien poussiéreux qui s’étire sous nos yeux, un film duquel les belles images auraient pu juste être utilisées pour une publicité pour un parfum ou une banque !
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