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Cour de récré.
Même si d’apparence ce film nous apparaît tout petit à bien des niveaux, que ce soit par sa très courte durée (à peine une heure et quinze minutes), par le sujet comme par le contexte (uniquement circonscrits au sein d’une école primaire) mais aussi par son côté presque amateur, il n’en est rien. Au contraire. Ce premier film est même un coup de maître, impressionnant et magistral. En décidant de traiter d’un sujet tabou et difficilement appréhendable (le harcèlement dans les cours de récréation de nos enfants) et de le faire à hauteur d’enfant, Laure Wandel signe un film important et nécessaire. « Un monde » nous plonge littéralement en immersion dans le quotidien d’une petite fille et de son grand frère. Et il parvient le tour de force vraiment pas gagné d’avance, de nous le faire uniquement ressentir à travers les yeux de la petite Nora. En effet, le choix artistique décidé par la jeune réalisatrice est radical mais il permet de vraiment appréhender et voir les choses comme elle. Du point de vue et dans la tête de cet enfant. Cela permet de nous mettre complètement à la place de cette petite, voire de retomber en enfance le temps d’un film. Hormis elle et son frère, on ne verra donc que très peu d’autres intervenants si ce n’est des silhouettes. Quelques camarades périphériques ainsi que le personnage du père et d’une institutrice, qui ont droit à quelques scènes à visage découvert et quelques lignes de dialogue, seront les seuls autres personnages que nous verrons. C’est donc sur les épaules fragiles mais ô combien impressionnantes de la petite Maya Vanderbeque que repose « Un monde ». Si elle ne parvenait pas à être aussi juste et naturelle, le principe même du film pouvait s’en trouver annihilé et le projet raté. Et sachant qu’il n’est pas toujours aisé de faire jouer ainsi que diriger des jeunes enfants de cet âge, on peut clairement dire que c’est fort.
Maintenant, il est clair que ce « Un monde » aurait pu faire l’objet d’un court-métrage car parfois certaines situations se répètent et au vu de sa durée limitée, un format plus court aurait peut-être davantage convenu. Ensuite, les choix opérés tendent vers une œuvre à sujet unique, on ne verra que les rapports entre Nora et son frère harcelé et les conséquences que cela peut avoir. Pas d’explication psychologique, pas de sous-intrigues et encore moins d’autres points de vue. Un choix exempt de toute fioritures (utiles ou pas) assumé mais parfois frustrant. Le film ressemble parfois à s’y méprendre à un documentaire dans sa façon d’être filmé. La fin, qui établit un raccourci narratif peut-être un peu trop facile, nous offre néanmoins une séquence de conclusion d’une force imparable. On est émus par ce film qui nous montre un problème de société d’une manière inédite et qui frappe l’inconscient. Et nous touche forcément. Une expérience immersive mémorable mais très particulière que l’on devrait montrer dans les écoles.
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