« Peu importe ce qui arrive demain, nous avons aujourd'hui » est, malgré son aspect cliché évident, un énoncé rempli d'espoir, d'optimisme et de possibilités, surtout pour un scénariste de drame romantique. Malheureusement l'oeuvre de laquelle il est tiré, qui aurait pu s'apparenter à (500) Days of Summer dans l'approche et la thématique, s'avère décevante et largement réductrice. Peut-être avait-on en main un concept intéressant en décidant de dévoiler au public ce qui arrive dans la vie de deux amis, qui se sont rencontrés lors de leur remise de diplôme universitaire, à la même date chaque année, mais les failles de cette architecture actancielle sont si évidentes que l'on ne peut que rapidement se heurter à l'incongruité du récit ou aux limites de ce dernier. Les vies de Dexter et Emma se poursuivent entre ces différents 15 juillet - étalonnés en quelques séquences inégales dans un film d'1h45 - et, bien que l'on tente de raconter le plus rigoureusement possible les évènements qui se sont déroulés au cours des 364 autres jours de l'année, le public se perd rapidement dans ce flot d'informations qui lui est grossièrement bombardé au visage. On voudrait croire à cette relation tumultueuse de haine, de passion et d'amour que vivent les protagonistes, mais les coupures dans la narration sont trop abruptes et les émotions trop scindées pour nous atteindre.
Si One Day se différenciait dans son approche, dans sa manière d'exploiter le sujet, peut-être aurait-il gagné de l'intérêt, mais il développe les mêmes poncifs que l'on retrouve dans toutes les productions sentimentales conventionnelles; les baignades sous les étoiles à arroser gaminement son partenaire, les courses pieds nus dans les champs, les escapades sur les toits des immeubles en pleine nuit et les commentaires avisés d'un parent aimant. La plupart des situations présentées à l'écran sont également d'une grande prévisibilité, on prépare tellement le terrain pour l'idée suivante, on nous amène avec tellement de précaution et de préliminaires vers le nouvel élément, qu'on ne peut même pas jouir d'un étonnement ou d'une surprise quelconque.
Sans doute qu'en réduisant la longueur du récit et en synthétisant l'histoire, on serait parvenu à un produit plus épuré et convaincant, mais on semble avoir eu peur d'omettre des composantes, présentes dans l'oeuvre originale. C'est souvent le cas dans l'adaptation de romans - et c'est bien dommage -, on veut tant recréer l'ambiance et la finesse de l'histoire qu'on introduit tous les éléments du livre dans le film sans réfléchir à la transformation inévitable du récit lorsqu'il voyage d'un médium à un autre.
Anne Hathaway et Jim Sturgess sont généralement convaincants dans leur rôle respectif, mais la relation qu'ils entretiennent est si compliquée et si imparfaitement décrite qu'elle leur empêche de cultiver une véritable complicité. Le traitement visuel très effacé ne permet pas non plus de donner une personnalité à l'oeuvre. Dans un film comme celui-ci (qui possède une trame narrative si discontinuée), le montage aurait dû mousser l'action, être le moteur, l'instigateur de l'histoire. Malheureusement, il paralyse, au contraire, le récit et l'empêche d'évoluer efficacement. Un film qui aurait pu, à défaut d'être original, réjouir le coeur des romantiques, s'avère uniquement insatisfaisant. Mais au moins nous savons maintenant que « Peu importe ce qui arrive demain, nous avons aujourd'hui »; c'est déjà ça. Merci Anne Hathaway.