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Elephant man fait du théâtre.
Disons-le d’emblée, on n’est pas face à une œuvre facile ni aimable. Elle ferait même complètement partie intégrante tout en cochant toutes les cases de ce que l’on nomme le cinéma indépendant américain dans ce qu’il a de plus caricatural. C’était - dans le temps - souvent un compliment, un peu moins maintenant tant ce type de cinéma semble un peu dépassé et cliché depuis une dizaine d’années. Mais il n’empêche que certains auteurs et certaines œuvres parviennent parfois à le faire revivre de belle manière. Si « A different man » n’est pas un immanquable du genre, il laisse apparaître pas mal de qualités, un véritable propos, une tonalité toujours sur le fil entre le réalisme et le décalé et surtout une originalité certaine dans son intrigue. On ne peut pas dire non plus qu’on ait adoré mais le long-métrage imprègne tout de même sa marque singulière dans notre esprit.
Et c’est également l’occasion de constater à nouveau l’audace des choix de Sebastian Stan en tant que comédien. On a souvent tendance à oublier que l’acteur du Marvel Cinematic Universe dans le rôle actuel du Soldat de l’Hiver (et ancien antagoniste de Captain America) a une carrière de plus en plus remplie de rôles complexes, troubles et qui prennent véritablement la forme de prises de risques appréciables. On l’a vu il y a quelques semaines, exceptionnel, en jeune Donald Trump dans « The Apprentice » mais aussi dans des petits bijoux tels que « Moi, Tonya », « Le Diable tout le temps » ou encore le magistral et original film de genre « Fresh ». Ici, que ce soit grimé et défiguré en garçon timide et effacé ou en beau gosse jaloux qui devient fou, il est encore une fois irréprochable. Un comédien qui se bonifie avec le temps en somme. En face, dans le rôle d’une sorte de double à l’aise dans ses baskets, Adam Pearsons est tout aussi excellent.
La première partie de « A different man » est un peu lente et elle pose les pions de sa drôle d’intrigue en place. Entre une histoire de double déglinguée à la De Palma, une réflexion sur les apparences et le physique et un suspense sur l’imposture, tout cela mâtiné de body horror à la Cronenberg (tout le process qui va permettre à Edouard de devenir un bel homme), voilà une proposition unique et bizarre. La mise en scène et la texture de l’image qui ressemblent à celle d’un vieux film fauché des années 90 et cette atmosphère un peu surréaliste (on dirait que personne ne voit la malformation du personnage) ajoutent à l’étrangeté de l’ensemble. Alors c’est un peu long, on ne voit pas toujours où Aaron Schimberg veut en venir mais c’est assez intrigant et peu commun pour qu’on s’y intéresse durant près de deux heures hors des sentiers battus.
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