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Fils aimé.
Pour son premier film en tant que réalisateur, Mehdi M. Barsaoui nous offre un sacré morceau de cinéma. « Un fils » est une œuvre forte et intense qui vous captive dès les premières minutes pour ne plus jamais nous lâcher durant une heure et demie. C’est un long-métrage intense et maîtrisé de bout en bout qui alterne et mêle les genres de manière fluide sans jamais se perdre dans sa narration ni se heurter à un résultat peu probant. Et le duo d’acteurs au centre du récit, un mari et une femme incarnés par un Sami Bouajila bluffant de détermination et de fêlures et une Najla Ben Abdallah tout aussi émouvante et impressionnante, frappe fort et nous emporte sans réserve. Le film marie de manière quasi parfaite la tragédie familiale et le suspense en forme de course contre la montre.
La première demi-heure, à forte consonance dramatique, démarre sur les chapeaux de roue et ne nous laisse aucune minute de répit même si après ce démarrage en trombe, la tension retombe un tout petit peu. On pense un peu aux films de Fred Cavayé comme « Pour elle » concernant la sensation d’urgence et la force de frappe des événements présentés, un film qui associait également drame et thriller. Voir ce couple anéanti après que leur petit garçon ait reçu une balle nécessitant une transplantation d’urgence est déchirant et souvent les larmes sont au bord de couler. Face à des choix cornéliens et une révélation inattendue, ce couple va vivre des moments de douleur d’une puissance dramatique rare et « Un fils » parvient à nous faire ressentir les hésitations, les doutes et les combats de ces deux personnages dans une situation cauchemardesque. Poignant et immersif, on retient notre souffle avec eux. Puis, petit à petit, « Un fils » va se doubler d’un sacré thriller quand il va devenir évident que pour le sauver ce couple va devoir passer au-dessus des lois. Et là la machine à suspense va s’emballer et tenir bon jusqu’aux dernières secondes de manière magistrale.
Mais cette œuvre au récit impeccablement condensé qui va droit au but ne se limite pas à un thriller dramatique carré et réussi. Il a l’intelligence de se parer d’un sous-texte politique fort. Il pointe du doigt de manière claire les lois archaïques de la Tunisie encore sous le joug d’une religion bien trop présente et répressive. Le message est clair et n’empiète aucunement sur le reste. Et Barsaoui parvient même à dénoncer le trafic d’organes lors d’une intrigue secondaire parfaitement raccrochée au récit principal, un scénario optimisé doté d’une ossature parfaite. La mise en scène chirurgicale s’adapte à chacune des situations. Elle est précise et percutante et met bien valeur ce coin reculé de la Tunisie durant les belles séquences en extérieur magnifiant le désert tout comme les couloirs de cet hôpital de région avec une caméra aux plus proche des émotions des protagonistes. « Un fils » est donc une excellente surprise, bouleversante et prenante du début à la fin.
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