Dans son pays d'origine, le long métrage s'appelle Avis de mistral, un titre fort joli et doublement significatif (comme le mistral est un vent catabatique, souvent violent, qui souffle dans le nord du bassin de la Méditerranée et qui, selon la culture populaire, rend les gens fous). Ici, le titre ne possède pas cette portée révélatrice. Et c'est dommage, puisque le drame aurait irrémédiablement bénéficié de ce petit coup de pouce évocateur, comme son sujet principal est plutôt banal, et ses situations, classiques.
Mis à part ses paysages magnifiques - qui fait naître en nous une envie irrésistible de visiter le sud de la France -, le long métrage de Rose Bosch se distingue par très peu de choses des autres oeuvres du même genre. Lorsque les qualités principales d'une production cinématographique résident dans la beauté de ses panoramas, on comprend assez rapidement que nous n'avons pas à faire ici à un chef-d'oeuvre du septième art. Bien sûr, la poésie des images est une donnée importante dans la réussite d'une comédie dramatique estivale comme celui-ci, mais il ne faut pas que notre premier commentaire en sortant de la projection soit : « Les images étaient belles », parce qu'il risque que le but ne soit pas complètement atteint.
Les récits des vies des différents protagonistes; l'une tombe amoureuse d'un beau cowboy, l'autre s'éprend d'une femme d'âge mur, le petit développe une relation d'amitié avec son grand-père qu'il n'avait jamais rencontré et les aînés retrouvent leurs amis d'une époque dissoute dans les nerfs du temps, s'avèrent particulièrement monocordes, rien pour susciter un intérêt assez grand pour nous maintenir en haleine jusqu'à la finale, elle aussi, relativement grise. Ce n'est pas non plus les performances des acteurs qui nous stimuleront. Chloé Jouannet et Hugo Dessioux paraissent toujours inconfortables sous les traits d'adolescents parisiens branchés dont le pire cauchemar est de se retrouver sans internet. Ils ne sont pas complètement malhabiles, mais leur jeu n'est pas à la hauteur de celui de Jean Reno et d'Anna Galiena qui ont, disons-le, plusieurs années d'expérience supplémentaires.
L'idée de l'enfant sourd et muet était une piste intéressante, malheureusement, elle est sous-utilisée. Les personnages baragouinent un langage des signes primitif, mais jamais (ou presque jamais; il y a seulement quelques scènes, dont la première (magnifique), qui se servent à profit de cette coupure du monde que le petit ressent), l'handicap est transformé en une compétence artistique et cinématographique, comme on aurait espéré qu'il le devienne.
Un été en Provence est un petit film d'été léger, sans prétention, mais, surtout, sans ambition, qui adopte abondamment le cliché (le jeune homme bronzé sur le cheval blanc sur la plage) plutôt que d'essayer d'habilement l'éviter. Un film léger, trop léger.