Coup de coeur partout où il est passé (Cannes, Toronto, etc.), le nouveau film d'Arnaud Desplechin offre un mélange exceptionnel de drame et de comédie, d'amour et de haine, de dialogues savoureux et de performances d'acteurs confirmés, dont l'unique Mathieu Amalric. Cela lui permet de durer 2h30 sans embûche aucune, sans accrocs ni ennui, et de contenir certaines des plus belles scènes du cinéma français à avoir traversé l'Atlantique en 2008. Mais sans anicroche ne veut pas dire sans douleur; derrière cette histoire de famille se cachent tellement de petits drames qui rendent le visionnement d'autant plus fascinant. C'est rare, c'est impressionnant, mais on ne parle quand même que d'un film millésimé, qui fera sa marque sur l'année cinématographique - il faudrait plutôt dire « cinéphilique » - sans transcender les esprits et les époques pourtant.
Le fils d'Abel et de Junon, Joseph est atteint d'une maladie génétique rare. Ni ses parents ni sa jeune soeur ne peuvent le sauver; les parents décident donc d'avoir un troisième enfant, Henri, qui ne peut rien pour son frère. Le petit Joseph meurt. Bien des années plus tard, pour les vacances des Fêtes, toute la famille Vuillard sera réunie à Roubaix pour la première fois depuis qu'Élizabeth a banni son frère Henri, plusieurs années auparavant. Junon vient d'apprendre qu'elle aura besoin d'une greffe de moelle osseuse pour survivre, et deux membres de sa famille sont compatibles pour la greffe. Il y a Paul, le fils d'Élizabeth, et Henri, le frère banni. Le plus jeune frère, Ivan, sera aussi sur place avec ses deux enfants et sa femme Sylvia, tandis que Simon, un cousin, passera les Fêtes avec la famille.
Toutes ces choses qui sont habituellement des « irritants » (regards-caméra, lecture à haute-voix, marionnettes, fermeture de l'iris) deviennent des ajouts fascinants à une trame narrative déjà bien riche. Les comédiens impressionnent tour-à-tour lorsqu'ils s'impliquent dans l'histoire déjà complexe en ressassant de vieux souvenirs qu'on voudrait parfois oublier (à leur place). Mais c'est là tout le plaisir macabre du cinéma; il faut les ranimer. Les dialogues d'une précision chirurgicale et les personnages si finement définis remplissent toutes leurs promesses d'histoires tordues et de gestes pardonnés avant qu'ils ne soient accomplis; par amour, tout simplement.
Les comédiens, Amalric en tête, semblent prendre un malin plaisir à se donner la réplique dans ce qui devient vite de la haute-voltige dramatique. Un travail habité et passionnant, qui est la véritable richesse du film, le médium par lequel passe tout le message, bien avant le cinématographe lui-même. Catherine Deneuve est savoureuse, tout comme Jean-Paul Roussillon. Il n'y a qu'Anne Consigny, prisonnière d'un rôle ingrat de braillarde, qui semble moins en contrôle que les autres.
Un conte de Noël est un film d'exception, cela ne fait aucun doute. Dommage que la rumeur en ait fait sournoisement - comme c'est d'ailleurs toujours le cas - un film immanquable, incomparable, essentiel. Ce n'est pas le cas. Aussi impressionnant puisse-t-il être, le film demeure un objet de curiosité; pour ceux qui aiment le cinéma français, pour ceux qui aiment qu'on joue avec leurs émotions et pour ceux qui suivent avec intérêt la carrière d'Arnaud Desplechin. Un film facile à admirer, mais beaucoup plus ardu à aimer.
Aussi impressionnant puisse-t-il être, le film demeure un objet de curiosité; pour ceux qui aiment le cinéma français, pour ceux qui aiment qu'on joue avec leurs émotions et pour ceux qui suivent avec intérêt la carrière d'Arnaud Desplechin. Un film facile à admirer, mais beaucoup plus ardu à aimer.
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